Le projet a finalement été mis en œuvre en 2009, avec l’appui de la coopération chinoise. Mais l’équipe du musée risque de se heurter à des difficultés de taille dans la constitution du fond d’œuvres et des archives : la mémoire de l’Afrique est souvent consignée loin du continent.
Pour s’atteler à la tâche ardue d’animer et de gérer ce musée de 13 785 m2, sur quatre étages, comprenant des salles d’expositions, de conférence, et un auditorium de 150 places, et être à la hauteur des ambitions annoncées, il faut des compétences diverses, et spécifiques, alliées à un budget conséquent. Les techniciens du musée vont être encadrés par la coopération chinoise, pour ce qui est du transfert des technologies, mais les formations dans ce domaine sont rares au Sénégal. Depuis quelques années, l’Université Gaston Berger de Saint-Louis est le seul établissement à proposer une formation aux métiers du patrimoine (gestion du patrimoine et des institutions, médiation, restauration de biens).
L’équipe du Musée doit acquérir une collection remarquable d’œuvre d‘art, se constituer un fond, une réserve. L’IFAN de Dakar, en son temps, avait pu constituer sa collection grâce à l’obstination de Théodore Monod, et il n’est pas certain que de nos jours la tâche soit plus aisée. Les prix des œuvres d’art premier africain ont atteint des sommes vertigineuses. Ces sculptures, à l’origine intermédiaires avec le divin, acquises par la force pendant la colonisation, sont devenues depuis le début de XIXe siècle des objets de consommation de luxe en occident.
Tous les territoires colonisés depuis le XIIIe siècle sont concernés par ce pillage de leur mémoire. Pour les pays d’origine de ces œuvres qui témoignent de l’Histoire et de la culture précoloniale, les récupérer est une mission presque impossible. Les victoires sont rares. Les œuvres réclamées actuellement par le Bénin témoignent de la situation.
Une mission complexe
Un musée n’est pas qu’une salle d’exposition. C’est aussi là que se collecte la mémoire, sous toutes ses formes. La plupart des grands musées dans le monde proposent aux visiteurs de consulter des archives. Le Musée des Civilisations Noires constituera-t-il une bibliothèque-médiathèque ? Si c’est le cas, ce qui est souhaitable, la mission risque d’être complexe. Dans les domaines photographique et audio-visuel, pour la période post-1970, dans toute l’Afrique francophone, les archives sont en France. Les images d’actualités d’époque sont détenue par la société Pathé, alors producteur des informations projetées en salle de cinéma avant les films, et diffusées en télévision.
Au Sénégal, depuis sa création en 1970, la RTS a pris le relais, et le quotidien le Soleil a soigneusement conservé ses archives depuis cette année-là, bien que préexistant. Le groupe de presse GFM met aussi à disposition du public une médiathèque. Les films sénégalais, et africains, documentaires et fiction, produits après les Indépendances, souvent avec des co-productions françaises, ne sont aussi archivés pour la plupart qu’à la Cinémathèque Afrique, à Paris, fermée au public, qui les conserve jalousement. Peu d’entre eux sont disponibles sur le marché en DVD, et non seulement les chaînes de télévision sénégalaises ne diffusent que très rarement des productions locales, mais, si certains médias internationaux comme TV5 monde ou CANAL + diffusent des films africains, ce ne sont que des productions récentes… Le public n’a donc pratiquement, pour l’instant, aucune chance de les voir.
L’ouverture du Musée des Civilisations Noires, dont l’appellation est ambitieuse, coïncide à quelques mois près avec celle du National Museum of African American History and Culture (NMAAHC), inauguré par Barack Obama à Washington, le 24 septembre. Des partenariats entre ces deux musées seraient souhaitables, dans un esprit d‘enrichissement mutuel, afin de reconstituer, et de partager au plus grand nombre, une Histoire longtemps confisquée. Car, à force d’occulter, de laisser partir dans le vent les traces de la Mémoire africaine, on a finit par récolter une tempête d’individus troublés, en quête d’identité, de valeurs, de leur véritable Histoire.
La valorisation du patrimoine culturel africain est une démarche vitale pour toute l’Humanité, née en Afrique, qui, comme le dit l’adage, devrait regarder d’où elle vient si elle ne sait plus où elle va.
Patrimoine immatériel du Sénégal
Les fêtes traditionnelles font perdurer les faux lions (simb), le ndeup , le sabakh. La lutte est un spectacle éminemment populaire, emblématique du Sénégal. Attrait touristique indéniable, ces traditions inspirent des artistes, et sont régulièrement sujet de livres d’art, d’expositions, de films (Les arènes sénégalaises. Pourtant, à ce jour, le Sénégal, signataire de la Convention 2003 de l’Unesco portant sur la protection et la sauvegarde du Patrimoine culturel immatériel, ne dispose pas encore d’une liste de son patrimoine culturel immatériel, d’autant plus importante que les traditions y sont transmises par l’oralité principalement. Lors d’atelier méthodologique, organisé par la Direction du patrimoine culturel, le 11 août dernier, à la Maison de la culture Douta Seck de Dakar, un programme d’inventaire du patrimoine immatériel dans les 14 régions du Sénégal, a été enfin élaboré. Il permettra d’élaborer une liste complète du patrimoine culturel immatériel sénégalais, d’ici 2017.
Sur le Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco, en ce qui concerne le Sénégal, figurent le xoy une cérémonie divinatoire chez les Serer du Sénégal, et le Kankurang, rite d’initiation mandingue.
28 mai 2017 à 14:09, par nafissatou gaye
Le patrimoine , sunu moomel
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14 janvier 2017 à 12:59, par Jeanne
Mais il est OU ce musee ????
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