Le Kankourang

Le Jambadon et Le Kankourang en Casamance

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L’été… l’été où les vacances scolaires sont souvent chaudes en Casamance. Avec le « Jambadon », la danse des feuilles et le « Kankourang », être mythique, gardien des valeurs chez les mandingues... Un air de carnaval dans les rues de Ziguinchor.

La danse, la fête voilà ce qu’offre les vacances scolaires à Ziguinchor

Pendant soixante jours, du début août à fin septembre, les populations assistent tous les week-end à un spectacle inouï animé par trois batteurs de tam-tam : « le séourouba », « le coutiro » et « le sabaro ». Ce rythme endiablé permet la danse des feuilles ou le « jambadon ». Un rituel qui marque le passage de l’enfance à l’âge adulte organisé à l’occasion de la sortie de circoncision des garçons âgés le plus souvent de six à onze ans. L’opération chirurgicale faite auparavant, cette cérémonie coïncide avec la guérison de ces jeunes circoncis. Un moment de joie que parents, amis et alliés en général viennent partager avec les familles des jeunes circoncis.

Du lieu de lavage des initiés à environ quatre kilomètres du centre ville à leurs demeures ; ce sont de petits groupes d’hommes et de femmes qui entonnent des chansons initiatiques accompagnées de pas de danse bien mesurés avec à la main des feuilles d’arbre : « le jambadon ».

Ces jeunes circoncis, leurs initiateurs : « kintang » en mandingue et « salbés » en wolof, parents qui viennent assister à la fête sont tous protégés par un être surnaturel le « kankourang ». Habillé de fibres faits d’écorces d’arbres et deux coupe-coupe dans les deux mains ; cet être mythique gardien des traditions, très redouté des femmes fait des va-et-vient entre le groupe des circoncis et celui des danseurs. Sa fierté étant d’avoir protégé les circoncis : « ndiouli » en wolof et « gnansing » en mandingue tout au long de leur séjour de quinze à quarante cinq jours dans le bois sacré ou dans la case des hommes.

Cet être mythique qui a retrouvé les rues de Ziguinchor avait été interdit il y a quelques années pour des raisons de sécurité. Avec cette accalmie notée le « kankourang » a repris sa place dans les cérémonies traditionnelles mais comme simple animateur.

On retrouve ces mêmes spectacles dans les régions de Kolda (Sédhiou, Kolda) et Thiès plus précisément à Mbour ou une forte communauté mandingue y vivant organise chaque année à la même période qu’à Ziguinchor le « Jambadon » . Histoire de préserver les valeurs culturelles du terroir d’origine : la Casamance.

Le Kankurang, rite d’initiation mandingue

Proclamation 2005 de l’Unesco : « Le Kankurang, rite d’initiation mandingue »

Le Kankurang est un rite initiatique pratiqué dans les provinces mandingues du Sénégal et de la Gambie, correspondant à la Casamance, et dans la ville de Mbour. Selon la tradition, le Kankurang serait issu du Komo, une société secrète de chasseurs dont l’organisation et les pratiques ésotériques ont contribué à l’émergence des Mandingues.

Le personnage central du Kankurang est un initié qui porte un masque fait d’écorce et de fibres rouges d’un arbre appelé faara ; il est vêtu de feuilles et son corps est peint de teintures végétales. Il est associé aux cérémonies de circoncision et aux rites initiatiques. Son apparition est marquée par une série d’étapes rituelles : la désignation de l’initié qui portera le masque et son investiture par les anciens, sa retraite dans la forêt avec les initiés, les veillées et processions dans le hameau des nouveaux initiés. Ces rites ont généralement lieu entre les mois d’août et de septembre. Le Kankurang parade toujours entouré d’anciens initiés et des villageois qui suivent avec respect ses faits et gestes, et l’accompagnent de leurs chants et danses. Ses apparitions sont ponctuées d’une danse saccadée qu’il exécute en maniant deux coupe-coupe et en poussant des cris stridents. Ses suivants, armés de bâtons et de feuilles de rônier, marquent la cadence de leurs refrains et tambours.

Le Kankurang est à la fois le garant de l’ordre et de la justice, et l’exorciste des mauvais esprits. En tant que tel, il assure la transmission et l’enseignement d’un ensemble complexe de savoir-faire et de pratiques qui constituent le fondement de l’identité culturelle mandingue. Ce rituel, qui s’est étendu à d’autres communautés et groupes de la région, est l’occasion pour les jeunes circoncis d’apprendre les règles de comportement qui garantissent la cohésion du groupe, les secrets des plantes et de leurs vertus médicinales ou des techniques de chasse. La tradition connaît un recul en raison de la rapide urbanisation de la plupart des régions du Sénégal et de la Gambie, et de la réduction des surfaces des forêts sacrées, transformées en terres agricoles. Le rituel s’en trouve banalisé, minant l’autorité du Kankurang.

Source : Unesco

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  • sn

    Consulter le livre intitulé ’’kankurang KO wato sita’’ de Cheikh Àmala Traore

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  • bj

    Article très intéressant. La culture africaine est riche en couleurs et en traditions . Il est important que nous les Africains puissions en prendre connaissance.

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