Le marché des omras et des grands pèlerinages au Sénégal : un secteur en pleine effervescence
Au Sénégal, le voyage religieux occupe une place particulière dans le cœur des fidèles. Chaque année, des milliers de pèlerins prennent la route des lieux saints, que ce soit pour accomplir la Omra en Arabie Saoudite, célébrer la naissance du prophète au Maroc ou pour participer aux grands rassemblements spirituels du Magal de Touba et du Mawlid (Gamou).
Entre ferveur, organisation millimétrée et montée en puissance des agences spécialisées, ce marché ne cesse de se structurer.
Publié le 21 novembre 2025
L’Omra, un pèlerinage accessible et de plus en plus prisé
Contrairement au Hajj, la Omra peut être accomplie tout au long de l’année. Cette flexibilité explique en partie l’engouement croissant des Sénégalais, y compris chez les jeunes, pour ce petit pèlerinage.
Les agences locales ont largement contribué à démocratiser cette démarche en proposant des forfaits clé en main, adaptés à différents profils et budgets.
Al-Masjid an-Nabawi, Médina, Arabie Saoudite
Des offres qui s’adaptent à tous les budgets
Les prix varient selon la durée du séjour, le confort choisi et la période. Ils commencent généralement autour de 1 200 000 FCFA pour une formule économique, et peuvent dépasser les 2 500 000 FCFA pour un séjour en période de Ramadan ou dans des hôtels 5 étoiles.
Les forfaits incluent le plus souvent :
billet d’avion aller-retour ;
hébergement à Médine et La Mecque (hôtels 3* à 5*) ;
transport terrestre climatisé ;
démarches administratives (visa, assurance) ;
et surtout un encadrement spirituel assuré par des guides.
Des acteurs comme Baïtyl Houda by CTA Incentive, Universal Tours, Almanzil Travel, Ada Voyages, Kay Ziarra, Oumma Voyages, Oumra.sn ou BS Consulting Voyage comptent aujourd’hui parmi les références, chacun proposant des formules « éco », « confort » ou « VIP ».
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Le Mawlid célébrant la naissance du prophète mobilise de nombreux pèlerins sénégalais à Fès (Maroc), berceau du Tidjaniyya.
Les offres promotionnelles vers cette destination drainent un flux important de sénégalais résident et de la diaspora par le canal des agences de voyages et de tourisme. Sans compter à cela, les visites ponctuelles organisées à la tombe de Cheikh Ahmed Tidiane Cherif, fondateur du Tidianiyya.
Une période phare : l’hiver
De décembre à février, les départs se multiplient : climat agréable, tarifs plus accessibles et offres spéciales attirent les fidèles. Hors période de Hajj, les vols et hébergements sont plus flexibles, ce qui permet aux agences d’organiser des départs réguliers tout au long de l’année.
Les pèlerinages locaux : Magal et Gamou, un impact majeur sur le secteur du voyage
Au-delà des voyages vers l’Arabie Saoudite et le Maroc, le Sénégal vit au rythme de ses grands rassemblements religieux.
Chaque année, Touba, Tivaouane, Médina Baye, Ndiassane deviennent les centres névralgiques du pays lors du Grand Magal (départ en exil de Serigne Touba) et du Gamou (naissance du prophète psl).
Une mobilité exceptionnelle à l’échelle nationale.
Medina Baye, Kaolack
Ces événements attirent des millions de pèlerins du Sénégal et de la diaspora, générant un mouvement massif à travers toutes les régions.
Les agences de transport, les loueurs de véhicules et même certaines agences de voyage s’adaptent à cette demande en proposant :
bus affrétés spécialement pour les pèlerinages ;
services de location avec chauffeurs ;
offres de transport VIP ou personnalisées pour les grands daaras ou familles
Un dynamisme économique impressionnant
Le Magal et le Gamou stimulent fortement l’économie locale : hôtellerie, restauration, commerces, transport... Tous les secteurs sont impactés.
Pour les agences de voyage, c’est souvent une période phare, où la demande explose, notamment pour les déplacements de groupes ou d’associations religieuses.
Un secteur qui se professionnalise
Qu’il s’agisse des départs vers La Mecque ou des grands rassemblements au Sénégal, le marché du pèlerinage connaît une véritable structuration.
Les agences investissent dans l’encadrement, la formation, la communication et proposent des services de plus en plus complets pour répondre aux attentes des fidèles.
Avec un mélange de spiritualité, d’organisation et d’opportunités économiques, le pèlerinage est devenu un pilier à part entière du tourisme sénégalais, aussi bien à l’international qu’au niveau national.
Mosquée de Touba
Un marché guidé par la foi et porté par l’expérience
Entre la montée en puissance de l’Omra, la ferveur des grands événements religieux et l’expertise des agences, le Sénégal s’impose comme un acteur majeur du voyage spirituel.
Un secteur vibrant, où chaque déplacement est bien plus qu’un simple trajet : c’est une quête, une tradition, une expérience profondément enracinée dans la vie des Sénégalais.
Mme Awa Sow, responsable de Baïtyl Houda, analyse la situation du tourisme religieux entrant et sortant au Sénégal. Elle rappelle que seules les agences titulaires d’une licence délivrée par le Ministère du Tourisme sont autorisées à organiser des voyages, alors qu’une prolifération d’acteurs illégaux crée une concurrence déloyale.
Le Hajj et la Oumra, soumis à des agréments spécifiques de la Délégation Générale au Pèlerinage, nécessitent, selon elle, une harmonisation des réglementations pour professionnaliser le secteur. Pour le tourisme religieux local, elle plaide pour une stratégie nationale intégrant des hébergements adaptés, des guides formés en plusieurs langues et des circuits élaborés, afin de développer cette activité non seulement lors des grands événements mais également en dehors.
