Augmentation des frais d’université pour les étrangers : la France à contre-courant

Le gouvernement français a décidé de multiplier par seize le montant des droits d’inscription dans les universités pour les nouveaux étudiants étrangers non européens. Une mesure contre-productive et une façon de dire aux étudiants africains de rester chez eux.

Publié le 20 décembre 2018   2 commentaires

A l’heure actuelle, les frais d’inscription des étudiants étrangers sont alignés sur les frais d’inscription acquittés par les étudiants français et européens, soit 170 euros pour une année de formation en licence, 243 euros en master et 380 euros en doctorat. À la rentrée prochaine, les nouveaux étudiants extraeuropéens devront s’acquitter d’une somme de 2 770 euros en licence et 3 770 euros en master et en doctorat.

En contrepartie, le gouvernement propose d’introduire seulement 14 000 bourses d’excellence pour l’ensemble des étudiants, alors que la France compte 320 000 étudiants étrangers actuellement, dont 40 % d’Africains.

Les étudiants étrangers : une chance pour la France

Pierre Tapie, directeur général de l’Essec, président de la Conférence des grandes écoles, souligne dans un article de Libération, que former des étudiants étrangers a des retombées multidimensionnelles très positives : sur l’économie, la culture, les relations avec les différents pays. Il propose d’augmenter le nombre d’étudiants étrangers accueillis dans les universités.

« Nous voulons accueillir des jeunes qui ont une envie de France, des francophiles pour qu’ils deviennent des francophones, vecteurs de nos cultures. »

Un impact extrêmement négatif sur les étudiants africains

« Le désengagement de la France auprès de la jeunesse africaine consacre un renoncement au message universaliste », précisent des enseignants et des chercheurs dans un article du Monde.

« La France renonce à accueillir de façon digne une majorité d’étudiants africains et renonce par là même à toute relation privilégiée avec les intellectuels, ingénieurs et cadres africains de demain. Une mesure aux conséquences néfastes à long terme. »

Désormais, l’intelligentsia africaine est convoitée par les nouveaux acteurs mondiaux comme la Chine et l’Inde et par les régimes islamistes. Le marché de la connaissance est extrêmement concurrentiel. En 2018, les étudiants africains inscrits en Chine devraient atteindre le chiffre de 80 000. Ils bénéficient de la scolarisation et du logement gratuit et de bourses de 400 euros mensuels.

Certains s’en émeuvent, et c’est bien

Cette annonce a déjà suscité de nombreuses réactions, notamment portées par les étudiants en licence ou en master. Certains députés de la majorité La République en Marche s’en inquiètent également et demandent au gouvernement de surseoir à cette mesure, prise sans concertation. Les « patrons » des facs aussi, qui souhaitent « la suspension de la mesure afin de permettre l’ouverture d’une concertation sur ce sujet  ».

Dans une tribune parue dans Le Monde, 44 établissements dénoncent la stratégie « discriminatoire » que représente l’augmentation des droits universitaires pour les étrangers.

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Pauline Sarr

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Lire 2 commentaires

  • Sénégal

    Chaque chose a un prix . Les français travaillent,payent des impôts pour l’éducation de leurs enfants de la maternelle à leur engagement dans a vie professionnelle.Au jourd’hui il faut avoir la loyauté de dire que la France n’a plus les moyens d’offrir des études supérieures gratuites aux étudiants étrangers quelle que soit leur citoyenneté.

    • Sénégal

      Calcul politique... Dans l’analyse de cette information il faut faire l’effort de se positionner sur une échelle plus large. Ce que l’état français gagnent par le biais de ses entreprises en Afrique est au moins 1000 fois supérieur à ce que les étudiants africains coûtent à ce pays.

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