Ce récit s’inscrit dans les années 1960, à une époque où il n’existait en réalité aucun africain champion du monde de jeu de dames. Il a fallu attendre l’arrivé de Baba Sy. Un grand maître sénégalais, un champion hors pair.
Le jeu de dames dès son plus jeune âge
Baba Sy découvre la pratique de jeu de dames alors qu’il était seulement âgé de huit ans. Né en 1935, il commence a jouer ses premières parties avec vieux champion qui s’était mis en tête que Baba deviendrait un jour un champion en la matière comme lui. Très talentueux, le jeune Baba ne tardera pas à se faire distinguer grâce à ses nombreuses victoires. Le monde damiste sénégalais tout entier va répétant la louange. « Baba le meilleur ». Et pourtant Baba Sy n’a jamais été à l’école française, il a fréquenté l’école coranique.
Une ascension fulgurante
Considéré comme un prodige, Baba Sy gravit rapidement les échelons en enchaînant les victoires et les compétitions sans connaître de défaites avant d’atteindre les plus hautes sphères.
Il devient vice-champion du monde en 1960 avant de remporter en 1963 des tournois et devient champion du monde de jeu dames face aux Russes, jusqu’alors considérés comme invincibles. Il partage le titre de champion du monde avec Iser Kuperman jusqu’aux tournois de 1964.
Son génie était très reconnu surtout en partie simultanée. Ainsi, lors d’une partie de jeu, Baba Sy a battu simultanément 150 adversaires alignés sur des tables qu’ils parcouraient quasiment seconde après seconde. Une performance au cours de laquelle il réalise l’un des coups les plus fabuleux en jeu de dames : « le coup de Rafaël ».
Baba Sy entre alors dans l’histoire de la discipline et devient « un joueur international » des jeux de dames. À partir de là, il ne joue que contre des grands maitres et seulement les meilleurs. Il rencontra d’ailleurs au Sénégal à plusieurs reprises l’un des meilleurs damistes sénégalais, Ndiaye Diouf, qui n’était rien d’autre que le père d’Abdou Diouf, ancien président de la République du Sénégal (1981-2000).
En 1978, précisément le 20 août, Baba meurt tragiquement dans un accident de voiture sur la route de Mbour en partance pour la ville de Kaolack. Baba Sy laisse le souvenir d’un joueur d’exception dont le talent pur a fait l’admiration et a forgé le respect de tous.