Mouhamadou Sène « Beuz »

Dans le cercle très fermé des stylistes, Mouhamadou Séne a fini de gagner la reconnaissance grâce à son immense talent. Il a été le grand vainqueur du concours Biotop. A travers cet exploit, il est en train de révolutionner le monde du stylisme, s’il ne l’a déjà fait.

Publié le 26 juin 2007  

Sa tête hirsute, ses jeans déchirés, Beuz donne parfois l’air d’un « fou furieux ». Mais il n’en est rien. L’homme est d’une simplicité rare. Il s’accompagne de jeunes talibés, lui même se définit comme un talibé. Et chez lui, ce n’est pas une simple expression. Il faut visiter son atelier pour se rendre compte de la vie qu’il y mène. Sa table de travail lui sert de lit. Le soir, son atelier ne désemplit pas de jeunes talibés qui viennent regarder la télé avec leur compère « c’est pour eux que j’ai acheté la télé » lance t’il fièrement. Son éternel sourire en bandoulière, cache mal un air de défiance, voir de suffisance. L’homme est sur de lui, de son talent. Dans la vie, il a du faire son chemin seul, tout seul, loin de la famille. Quand on le rencontre dans la rue, il se dégage chez lui une curiosité comme un « Graal qu’il aurait secrètement par devers lui » mais dont la brillance intérieure ne transparaît point. Pourtant, l’homme a souffert dans la vie, et souffre encore pour n’avoir jamais vu son père, un togolais qui était chef d’escale d’Air France au Bénin. C’est d’un air triste qu’il parle de ce père à qui il n’a parlé qu’une seule fois au téléphone « un moment j’avais envisagé d’aller au Bénin, ne serait ce que pour le voir et revenir au pays, mais lui …. » La voix amère, il manque de fondre en larmes.

Mais le gars est un guerrier. Et heureusement, l’homme se console dans l’art. « Beuz » est un créateur né, au sens propre. Il sait faire tout avec quelques pièces d’étoffes, un bout de fil et quelques épingles, filets de pêche, Cd usagés ... Sa récente victoire au concours Biotop a fini de le consacrer, malheureusement l’artiste n’a reçu aucun prix. On lui aurait servi que c’est le ministre de la culture qui doit acheter le cadeau, mais depuis sa victoire, aucun signe de vie de l’organisateur. A moins que le concours ait été une vraie arnaque ? La clientèle de Beuz est pour l’essentiel composée d’expatriés, mais son dada à lui, c’est l’habillement des dames. Malgré le peu de moyens de moyens dont il dispose, l’homme se débrouille tant bien que mal et ne soyez pas surpris de le rencontrer dans la rue en train de manger du « thiaf » (cacahuètes). Il en raffole et c’est presque devenu sa nourriture.


Voir en ligne : Le221, mensuel de culture et de sports au Sénégal

Salem Diakhaté

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