Filière mangue : la taxe de trop qui limite les exportations

Les exportateurs sénégalais de mangues ne sont pas prêts de voir leur secteur d’activité s’améliorer. Pour cause, le ministère de l’Agriculture a décidé d’imposer une nouvelle taxe sur chaque kilogramme de mangues exporté. Une décision qui a suscité la forte désapprobation des exportateurs et des producteurs de mangues au Sénégal.

Publié le 17 juillet 2023   1 commentaire

Au Sénégal, les exportations de mangues sont désormais subordonnées au paiement d’une nouvelle taxe fixée à 10 FCFA pour les exportateurs sur chaque kilogramme de mangues exporté et 5 FCFA pour les producteurs sur chaque kilogramme de mangues vendu aux exportateurs, et ce quelle que soit la voie d’exportation. Selon le ministre de l’Agriculture, une telle taxe s’explique par la nécessité de lutter contre la mouche des fruits qui fait pourrir les mangues et qui a un impact négatif sur les performances de la filière.

Une taxe qui ne fait pas l’unanimité

Cette mesure passée en catimini n’est pas du goût de certains. Selon Aminata Dominique Diouf, productrice et exportatrice sénégalaise de mangues, il s’agit d’une taxe prise à la hâte sans consulter tous les acteurs. Je trouve inadmissible que toute la filière mangue n’ait pas été réunie pour prendre une telle mesure qui n’est pas sans conséquence sur les maillons essentiels de la filière à savoir les pisteurs, les récolteurs, les ramasseurs, les conditionneurs, les menuisiers tamponniers, les transformatrices et les logisticiens. Ils sont les premiers à être touché par ce nouvel impôt. L’application de cette taxe se répercutera sur leurs revenus modestes et renforcera d’avantage les inégalités au sein de la filière, a-t-elle déclaré.

Aminata Diouf, directrice du domaine agricole de Néma

Une taxe qui crée un sentiment d’inéquité fiscale

Au-delà des problèmes que son application constitue, cette taxe nourrit des critiques de part et d’autre sur l’inéquité des prélèvements. En effet, ne sont ainsi soumise à la taxe que les exportateurs et les producteurs. Les autres acteurs essentiels de la filière, entièrement pris en charge par l’exportateur à partir du prix convenu avec le client à l’étranger, en sont exempts. Ce qui constitue une sorte d’inéquité fiscale , clame-t-elle.

Centre de sélection et de conditionnement de mangues

Un coup dur pour les exportateurs et les producteurs de mangues

Cette année, pour respecter les engagements pris avec les acheteurs étrangers et satisfaire leurs demandes, les exportateurs se sont pliés à cette exigence en s’acquittant de cette taxe.

Compte tenu de la situation, nous avons essayé de renégocier les contrats avec les acheteurs étrangers pour une augmentation de prix. Ce qui n’a pas été facile puisque certains acheteurs ont dit niet et les exportateurs n’avaient d’autre choix que de prendre les pertes .

Les producteurs ont aussi pris un coup dur pour l’écoulement de leurs produits pourtant cultivés dans les normes d’export. Ils ont préféré se tourner vers les bana-bana (marchés locaux) plutôt que de vendre aux exportateurs et de payer la taxe . Ce qui n’était pas souhaité pour les petits producteurs. Les bana-bana ont ensuite exporté vers la Mauritanie. A la fin de la saison, nous allons nous réunir pour évaluer les pertes. Ce sera une parfaite occasion pour peser le pour et le contre, c’est à dire faire le choix entre continuer à vendre aux bana-bana ou aux exportateurs tout en acceptant de payer la taxe de 5 FCFA, assure Aminata Diouf.

Les récolteurs de mangues, acteurs essentiels de la filière

Un impact négatif sur la compétitivité de la filière sénégalaise de mangues

Selon Aminata Dominique Diouf, la filière sénégalaise de la mangue se trouve asphyxiée par cette mesure qui risque d’aggraver encore le sort de la filière en perte de compétitivité.

Il est vrai que la mangue sénégalaise jouit d’une bonne réputation sur le marché européen en l’occurrence la « Kent » à cause de sa texture et de sa bonne saveur. Mais à quoi sert d’avoir une mangue très appréciée si elle n’est pas compétitive. La mangue sénégalaise est déjà trop chère sur le marché européen comparée à celle du Brésil ou du Pérou. Dans ce contexte marqué par des tensions commerciales, cette taxe ne fera que renforcer d’avantage la perte de compétitivité de la mangue sénégalaise au niveau international, soutient elle.

Amadou Gueye.

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Lire 1 commentaire

  • 4cf8130fb9d635423b03b02175faa52a

    Ce gouvernement tape sur tout ce qui fonctionne au lieu d’aider, bref on va s’étonner que plus personne ne veut entreprendre après

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