Saint-Louis, retour aux racines
Ce 29 mai 2025 à 21 h, Place Baya, Alune Wade montera sur scène à Saint-Louis. Il ne s’agira pas d’un simple concert, mais d’un retour symbolique. Saint-Louis, ancienne capitale coloniale, est aussi aujourd’hui le carrefour du jazz au Sénégal. Et c’est là, dans cette ville entre fleuve et mer, que New African Orleans prendra tout son sens.

Festival de Jazz Saint-Louis 2025
Le Festival de Jazz de Saint-Louis revient pour sa 33e édition, un événement incontournable du 28 mai au 1er juin 2025. Organisé sur la magnifique Place Baya, ce festival attire des amoureux du (…)De Dakar aux scènes du monde
Né à Dakar en 1978 dans une famille où la musique est une langue maternelle, son père dirigeait l’orchestre symphonique de l’armée sénégalaise, Alune Wade est tombé très tôt dans la partition.
Formé au solfège dès l’âge de six ans, il adopte la guitare basse comme une évidence à treize ans. À peine majeur, il rejoint la formation du légendaire Ismaël Lô, qu’il accompagnera pendant huit ans. Très vite, sa virtuosité et sa sensibilité lui ouvrent les portes des plus grandes scènes et collaborations avec Youssou N’Dour, Cheick Tidiane Seck, Marcus Miller, Joe Zawinul, Bobby McFerrin.
Tous reconnaissent en lui une voix musicale singulière, capable de naviguer entre les continents avec aisance et profondeur.
Mais Wade n’est pas un simple instrumentiste. Il est un conteur. Son langage ; un jazz enraciné, éclaté, en constante mutation. Il transforme la basse en boussole, orientant son art vers une exploration des diasporas, des mémoires et des filiations culturelles.
Havana-Paris-Dakar à Sultan
Depuis le début des années 2010, Alune Wade poursuit un travail discographique exigeant, engagé dans une quête de sens et d’identité musicale. Son album Havana-Paris-Dakar, en collaboration avec le pianiste cubain Harold López-Nussa, posait déjà les jalons d’un dialogue entre l’Afrique et la Caraïbe, à travers un jazz nourri de rumba congolaise, de mbalax et de boléro cubain.
Mais c’est dans ses projets personnels que l’artiste livre ses visions les plus intimes. Des albums comme Mbolo (2006) ou Sultan (2022) révèlent une œuvre marquée par l’exploration, le voyage, l’afrofuturisme et la mémoire diasporique.
New African Orleans : un manifeste musical
Avec New African Orleans, sorti en mai 2025, Wade franchit un nouveau seuil. Pensé comme un voyage transatlantique inversé, ce sixième opus remonte le fil du jazz, de la Nouvelle-Orléans aux côtes africaines. Il y convoque les esprits de la Place Congo, les tambours du vaudou haïtien, les harmonies créoles et les pulsations mandingues, dans une orchestration magistrale.
Des titres comme From Congo to Square ou Tukki (signifiant « voyage » en wolof) sont des balises poétiques. Chaque morceau devient un chapitre dans cette quête d’origines. En invitant des musiciens des deux rives, cuivres louisianais, kora , n’goni, contrebasse jazz, Wade fait de son disque une cartographie sonore du monde noir.
Plus qu’un album, New African Orleans est un acte de réappropriation historique. Il affirme ce que peu osent encore dire, le jazz n’est pas né ex nihilo, il est l’enfant d’une histoire douloureuse, mais féconde, entre Afrique, Amériques et résistance.
Tukki, le projet total
Autour de cet album, Alune Wade a conçu un projet pluridisciplinaire ambitieux intitulé Tukki. Il comprend un documentaire (Des racines au Bayou), des master classes, des conférences et une parade urbaine s’inspirant des brass bands de La Nouvelle-Orléans. Le projet cherche à éduquer, transmettre et relier les jeunesses africaines à cette part oubliée de leur histoire musicale.
Dans Tukki, Wade ne se contente pas de créer. Il partage. Il enseigne. Il engage la musique dans un dialogue avec l’histoire, avec la société, avec l’avenir.