Écologique et économique est-ce compatible ?
Chaque ethnie, chaque peuple a son architecture. Si vous entrez dans une concession lébou, vous verrez là où ça commence, mais vous ne verrez pas là où ça se termine, c’est toute une famille qui y vit. Chez les Diola, leur case est faite avec une toiture de paille qui assure une bonne isolation thermique. Le camp Lat Dior à la Sicap Liberté à Dakar a des murs en terre, avec une parfaite protection contre le soleil.
Aujourd’hui plusieurs cimenteries incitent les gens à construire tout en béton, ce qui est regrettable. Nous pourrions construire avec nos matériaux, les développer, ce qui nous permettrait une meilleure architecture économiquement et écologiquement. Tous les peuples construisent avec leurs matériaux.
Voyez le siège de la Sonatel qui vient d’être inauguré sur la VDN, à l’image des nouveaux immeubles de Dakar, toute la façade est en verre et exposée à l’ouest. L’après-midi, le soleil reflète dessus, c’est aberrant. Le problème c’est que l’on essaie de plagier l’Occident alors que nous n’avons pas les mêmes préoccupations. Nous n’avons plus aucune identité architecturale.
Serait-il plus économique de construire avec nos matériaux ?
Oui, c’est plus économique de construire avec les moyens et les matériaux dont nous disposons. La terre est là, je veux dire l’argile et la latérite. Au Sénégal, des usines fabriuquent des briques de terre. A la Sicap, par exemple, vous avez une villa R+1 en brique de terre, sur le même alignement une autre maison en brique de terre, en allant vers la boulangerie jaune vous trouverez une villa témoin en terre. C’est possible et cela permet de réduire largement le coût de la construction et donne une très bonne isolation thermique. Donc moins de climatisation, moins de ventilateurs, plus agréable à vivre et des factures moins élevées.
Prenez le cas du village de Thionk Essyl en Casamance. C’était un village traditionnel, maintenant toute est carrelé à l’image des grandes villes . Les gens abandonnent peu à peu l’architecture d’origine. Je me souviens que la dernière case de ce village a été démolie il y a plus de 30 ans, j’étais encore là. Maintenant tout le monde essaie de construire plus ou moins en dur. Certains ont gardé le banco, mais la toiture est en zinc, symbole de richesse. Et si vous faites vos murs en ciment, c’est un signe de plus. On a beau fustiger les bâtiments en banco, certains ont plus de cent ans.
Le Sénégal est un marché très florissant pour les vendeurs de matériaux, ce sont eux qui doivent apporter d’autre solutions plus adaptées, venant de notre culture.
Comment avoir des bâtiments adaptés au Sénégal ?
Si on construit en hauteur, on peut utiliser le béton armé pour la la structure, mais pour les cloisons on peut utiliser du matériel local adapté et profiter d’une très bonne isolation thermique et d’un design original, pour un coût moins élevé.
L’Europe le fait pour réduire ses coûts et pour avoir des constructions économiquement et thermiquement efficaces, mais nous sommes toujours les derniers de la classe. Nous cherchons toujours à copier (mal) l’Occident alors qu’il y a énormément de potentialités.
C’est le même problème avec le consommer local et les importations étrangères. Si nous voulons nous développer nous devons consommer local, même dans le Plan Sénégal émergent. S’enraciner, ensuite s’ouvrir, comme disait le président Senghor.
Et les énergies renouvelables ?
Nous avons énormément de soleil toute l’année. Malheureusement, les énergies renouvelables ne sont pas très développées. L’État aurait dû impulser depuis longtemps une politique solaire. Hélas, nous continuons à utiliser le courant électrique de la Senelec en très grande quantité, la demande est très forte et ça pose des problèmes de production et de distribution.
L’aménagement urbain est-il adapté ?
Je dis souvent à mes étudiants « quand vous concevez un aménagement domestique, pensez à cet espace où les gens se retrouvent pour manger autour du bol. »
A Dakar, très sincèrement, l’aménagement urbain est raté. Ce qui avait été fait au début des indépendances jusqu’après les années 80 n’était pas si mal. Après, l’anarchie s’est installée, les gens construisent un peu n’importe comment.
Nous n’avons plus d’espace de vie. Il n’y a plus d’aires de jeu, ni de rencontres dans les quartiers. Nous n’avons plus de poumon vert à part le parc de Hann qui se rétrécit. Il y a rien et c’est dommage.
Vous allez dans la plupart de grandes villes européennes, dans chaque quartier il y a un parc. Ce qui n’est pas le cas à Dakar. Et nous créons alors la délinquance : quand nos enfants n’ont pas d’espace de rencontre, ils vont le chercher ailleurs en prenant la rue.
Peut-être que les gouvernants ne vont pas commettre la même erreur à Diamniadio. J’ai vu en regardant dans un plan d’aménagement que les rues étaient très larges ce qui est bonne chose, c’est un appel d’air. Sur la VDN par exemple, les voies sont larges, l’air passe et les gens respirent.
L’erreur ne vient-elle pas que rien n’est prévu en matière de développement urbain ?
Dans les années 70-80, il y avait un plan d’urbanisme valable. Point E, Fann Résidence, Almadies étaient des quartiers résidentiels où la hauteur des bâtiments était limitée. Maintenant, plus rien : les immeubles poussent partout, tous les quartiers sont devenus des quartiers de service ou de commerce.
Prenez l’aéroport de Dakar, les gens vivent derrière le mur. Ce qui est dangereux ! Les avions rasent presque les immeubles au moment de décoller. Mais le promoteur immobilier ne se préoccupe que de la vente de ses parcelles sans penser un instant à la qualité de vie. Il n’y a plus que du béton hélas !
31 juillet 2019 à 19:25
Je voudrais construire ici .mais faudrait avant nettoyer la ville.jhabite grambao ce 1 decheterie a ciel ouvert ce insuportable.
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13 mars 2019 à 17:31, par mariam
Très bel article ! Bien écrit et bien réfléchi analyse très pertinente bravo
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23 avril 2017 à 00:38, par Diama
bonsoir !
je faisais quelques recherches et je suis tombée sur l’article puis votre discussion. bon, je prépare avec mon partenaire, notremémire de fin de cycle bts sur justement la construction en terre. pour les briques mais aussi pourles caracteristiques thermiques, mécaniques, etc de la briques, on besoin de coup de main.
parmis les professionnels surtout, si votre temps vous le permet, accorder nous un entretien( on est passionné, et on veut produire un mémoire mémorable).
merci et àbientot j’espere : adresse mail diamaphone gmail.com
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9 janvier 2017 à 06:32, par Serge Taddei
je suis le concepteur du « Verte-Vallée » qui consiste à mettre en place un Centre de production capable de fournir sans aucune exception tous les matériaux qui sont nécessaire à la construction d’une maison et à la construction en général, à savoir :
les productions : de gravier, de blocs en terre, de carrelage et tuiles en micro-béton, de sanitaires en micro-béton et en béton polyester, de ciment colle et mortier pour enduit isolant, de menuiseries bois et de menuiseries habillées d’aluminium, de charpentes bois, construction de routes par stabilisation du sol, unités de traitement des eaux usées et collectage des eaux de pluie, unités de traitement des déchets ménagers, avec la production de composte pour notre programme Agro-alimentaire, des déchets plastiques avec la production de carburant, etc.. etc... Toutes maisons soit low-cost, sociales ou de standing sont toutes construites entièrement isolées des fondations au toit et construites aux normes antisismiques.
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19 septembre 2015 à 04:33, par aurore
Bonjour je suis en train d acquérir un terrain vers fimela et souhaite réaliser une construction plus traditionnelle pour justement préserver ces endroits. Ainsi l année dernière lors de mon passage des ouvriers étaient en train de réaliser une magnifique voûte nubienne à djilor. Je suis intéressée par tout contact qui pourrait m aider à réaliser ce projet. J ai par ailleurs contacter senghor entreprise qui réalise des murs à base de bouteilles en plastique comme briques. Le problème c est la collecte des bouteilles alors que paRadoxalement les sites touristiques de la zone n arrivent pas à s en débarrasser de manière respectueuse poyr l environnement.
26 novembre 2015 à 10:34, par Gab
Bonjour aurore,
Une association voute nubienne est présente au Sénégal. Tu peux les contacter. Leur site par là : http://www.lavoutenubienne.org/
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3 août 2015 à 14:32, par GUEYE
Bonjour et toutes mes félicitations pour ce travail qui nous édifie sur la construction de nos maisons en général !
Je viens vers vous pour une adresse de fabricants de briques et de tuiles en banco. Il paraît qu’il y a une société basée à Pout. J’aimerai avoir son numéro de téléphone si possible. S’il y a une autre entité pour ce matériau,... j’ai besoin d’une petite maison en banco.
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12 juillet 2015 à 14:35, par Cissé Françoise
Le Kermel
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5 juillet 2015 à 13:37
Pour notre part, nous avons choisi d’améliorer dans un premier temps la solidité des constructions à partir des techniques briques/béton actuellement pratiquées ; voir notre site : « unefamille-untoit.com ».
Par contre, nous travaillons maintenant avec le CFBTP de Diamniadio et le Centre de Recherche du Lycée Technique de Reims pour faire des briques isolantes thermiquement, et solides en plus, en remplaçant le liant par les algues polluantes du fleuve Sénégal après transformation de celles-ci.
On peut en discuter ?
1famille1toit-toulouse orange.fr
ou contacter M. Cissoko au CFBTP de Diamniadio
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5 juillet 2015 à 10:04, par chenevard vvan
bonjour monsieur Je suis le papa de deux grarcons qui font actuellement des etudes d entrepreneur en batiment a Dakar et je suis tout a fais d accord sur votre analyse et sur l immense potentiel qu il y a dans l utilisation des matériaux traditionnels et du solaire sur l energie et mon option est qu ils apprennent aux mieux les bases technique de la construction et qu ils l adapte a des projets architecturaux sur base d utilisations des matériaux naturels Je compte meme les mettrent a contribution rapidement sur la construction de notre maison de famille qui sera situer a gandigal ou j ai un terrain avec des manguiers et dont je voudrai pas denaturer la beaute par une construction en beton
traditionnel et modernisme vont de paire je pense
cordialement Yvan
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3 juillet 2015 à 08:48, par alvarez
Bonjour, ce que vous dites est vrai, mais il n’y a pas de véritable offre en matière de construction, et il est vrai aussi, que nous ne faisons pas la démarche.Il est sûr c’est que si je faisais construire à nouveau, je ferais un étude sur une maison avec d’autres matériaux que le béton, après il reste le surcoût.Quand au solaire, on trouve de tout et il est difficile de trouver une entreprise sérieuse.Peut être faudrait il un agrément avec des normes.
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11 décembre 2015 à 11:02, par DT PH CIVIL ENGINEERING
Bonjour,
nous sommes une entreprise basée au Sénégal. Nous vous proposons un accompagnement technique du début à la fin lors de votre projet de construction. Choisissez le développement durable avec le groupe d’ingénieurs polytechniciens.
#OSEZ LES BRIQUES EN TERRE#
Voici une adresse sur laquelle nous pourrons échanger et pouvoir répondre à vos besoins techniques en temps réel.
internationalphcivileng gmail.com
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