Cette présence à Dakar à l’occasion de la sortie de son dernier album « Judu Bék » est un moment de retrouvailles avec un public qui l’a vu très rarement sur scène. Sa dernière prestation au Sénégal remonte en 1997, lors du Festival de Jazz de Saint Louis. Beaucoup pensent que cela est lié à la disparition de son frère cinéaste Djibril Diop Mambéty décédé le 23 juillet 1998 à Paris. « Je ne sais pas s’il y a une relation de cause à effet avec la disparition de mon frère, je sais que quand je retrouve le public dakarois, je suis un peu timide même si je reconnais que c’est un merveilleux public », explique Wasis. L’émotion se lit sur son regard lorsqu’il parle de l’homme qu’il considérait comme son jumeau, qui était non seulement son complice mais aussi son collaborateur car il est l’auteur de la musique de la plupart de ses films dont « Hyènes » le plus célèbre.
Interrogé sur le sens qu’il donne au titre de son dernier album « Judu Bék », Wasis répond le sourire aux lèvres : « c’est la joie de vivre ». Il est chanté sur des options mélodiques baladeuses autour des thèmes relatifs à son univers d’enfance, la vie de tous les jours, la prostitution, l’espoir d’un avenir meilleur… Dans cet opus sorti le 19 mai 2008 et contenant 13 titres, dont Anna Mou, Let I go, Jine Ji, Automobile mobile…, l’artiste explique avoir pris le temps de le mûrir entre les musiques de films, l’Opéra du Sahel où il a servi comme directeur artistique et musical, mais aussi influencé le décor et la scénographie. Avec ce produit, Wasis soutient exprimer sa passion pour la musique, donner un sens à son existence : « Pour exister, il faut avoir quelque chose à donner ». Il rajoutera : « Dans cet album, je parle de la vie, je raconte de petites scènes d’après mon expérience ».
Cet homme qui traîne l’étiquette d’un artiste humble, modeste et généreux semble trouver la formule qui conforte son attitude : « je suis toujours en quête de quelque chose », mentionne t-il sous un regard balayeur comme si c’était le cas au moment même où il le disait.
« Je ne suis pas une star »
Toujours égal à lui-même, Wasis étonne son monde avec sa timidité. Il refuse de passer pour une star. : « Je ne suis pas une star. En fait, je ne cherche pas la gloire. Je fais juste de la musique parce que je l’aime. C’est ma nature… Je revendique l’anonymat car je veux vivre ».
Concernant son rapport avec l’enfance qui revient dans sa musique, l’artiste scénarise les choses : « Quand je vois les enfants, je me vois à travers eux. Je me rappelle de cette enfance. J’aime marcher dans les rues, parler avec les gens… ».
À l’entendre parler, l’air nostalgique, on se rend compte que son souhait, c’est de vaquer à ses occupations dans les rues de Dakar sans créer d’émeutes, ni nécessiter la présence de gardes du corps. Il veut marcher comme c’était le cas, au bon vieux temps, dans les artères de Colobane, la ville de son enfance. Il est comme cela. Il est artiste certes, mais il veut rester Wasis Diop, qui, bien qu’ayant fait le tour du monde, acquis des fortunes diverses, se souvient être parti d’un coin quelconque de la planète terre, un quartier bouillonnant et animé de Dakar : Colobane. Un souvenir qui reste la fibre de la joie de vivre qu’il a servi en live, le week-end du 10 et 11 octobre 2008 à l’Institut Français Léopold Sédar Senghor et au Just 4 U.
Découvrez Wasis Diop !
Discographie
– Judu Bék (France : Think Zik ! / Pias 2008 & à l’étranger : Think Zik ! / Wrasses 2008)
– The Best of Wasis Diop (Universal - 2003)
– Toxu (Universal - 1998)
– No Sant (Universal - 1995)
– Hyènes (Universal - 1993)
– Le dernier qui a parlé - single with Amina (Eurovision - 1991)
– Aduna (Victor - 1988)
– West African Cosmos (CBS - 1975)
Soundtracks
– Les couilles de l’éléphant (2002)
– Everything… Is Never Quite Enough (« John - McTiernan’s » et dans « The Thomas Crown Affair » en 1999)
– La Petite vendeuse de soleil (Djibril Diop Mambéty en 1998)
– Hyènes (Djibril Diop Mambéty en 1993)
– Le Sifflet (court métrage)
– L’Amour interdite (Jacques Malastère)
– L’Odyssée de l’espèce et homosapiens (Jacques Malastère)
– Survivre à TV séries pour TF1 en France.
Contacts
Email :contact wasisdiop.com / ilham big-bang-gang.com
www.wasisdiop.com
Voir aussi
Youssouf Chinois - Photos : Gomza
12 décembre 2008 à 14:04, par Christophe C
Wasis Diop est un artiste à part, d’une rare subtilité. Il n’est jamais tombé dans les pièges de cette « world music pop » qui mélange sans subtilités sonorités africaines et européennes. Wasis sait, au contraire, prendre ça et là des sons, des rythmes et des styles hétéroclites qu’il parvient à fondre en une musique originale et homogène, qui lui est propre. En y posant sa voix si particulière, proche parfois d’un Léonard Cohen, le résultat est une pure merveille.
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5 décembre 2008 à 23:30, par sarre
je me vois a travers ta musique wassis , yes I feel it ....bon courage et continue de nous transporter^per ta voix .
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