Le Ramadan commence le samedi 25 avril au Sénégal, dans un contexte de crise sanitaire. Ce mois de jeûne se déroule alors que les mosquées sont fermées dans la région de Dakar, les rassemblements interdits et que le couvre-feu est établi de 20 h à 6 h du matin. Les pratiques habituelles vont être bouleversées.
Pas de prière dans les mosquées
Habituellement, les mosquées sont bondées durant le mois de ramadan. Chaque soir, des prières prolongées y ont lieu jusque tard dans la nuit. Mais elles sont aujourd’hui fermées dans la région de Dakar.
Les prières nocturnes, les « nafilas », se feront donc uniquement dans les maisons avec des personnes proches de la famille. Les conférences religieuses, généralement très fréquentes, ne pourront pas s’organiser .
Les préparatifs à l’heure de la rupture pourraient être différents
Durant tout le mois de Ramadan, nous avions l’habitude de voir, quelques heures avant la rupture du jeûne, les gens faire la queue devant les boulangeries et les charcuteries. Mais cette année de nombreux musulmans risquent de changer leurs habitudes à cause du couvre-feu. Certains imams et oulémas demandent aux autorités de revoir les heures du couvre-feu et proposent la tranche horaire entre 21 h et 4 h du matin.
La consommation des ménages
Le mois béni de Ramadan est généralement une période de forte consommation des ménages car les gens préparent de grands repas pour rompre le jeûne quotidien et pour inviter famille et amis : c’est le ndogou. Ce n’’est plus possible aujourd’hui et cette crise risque de bouleverser les habitudes de consommation des Sénégalais qui vont dépenser moins que d’habitude. Et les vendeurs de produits alimentaires, notamment de noix et de dattes, seront touchés.
Qu’en sera-t-il des actions de solidarité ?
Le Ramadan c’est aussi un moment de partage et de charité. Généralement, vers 17 h, on voit les jeunes des quartiers et les « Baye Fall » calebasse ou bol à la main, en train de demander des pièces de monnaie aux passants. L’argent collecté est utilisé pour faire du café, acheter du pain, du beurre, qui seront distribués aux personnes que la rupture du jeûne trouve sur le chemin du retour, mais aussi, aux démunis et aux gens du quartier qui en ont besoin. D’autres organisent des repas de rupture du jeune.
Il est fort probable que ces repas ne puissent avoir lieu. Cette année ce sera chacun chez soi.
Et la Korité ??
Cette fête qui marque la fin du ramadan (Aïd Al-Fitr) risque d’être affectée par la pandémie. Elle est marquée par de grands rassemblements des fidèles pour la grande prière, puis des salutations et des échanges de vœux. Comment cette fête pourra-t-elle se tenir cette année ?
Lexique wolof/français du Ramadan
Xëdd repas que l’on prend à l’aube et qui nous permet de tenir durant le jeûne. Woor : jeûner Koor : jeûne, ramadan Weeru Koor mois de ramadan Bësten repas que l’on prend tard dans la nuit pour éviter qu’on se réveille à l’aube pour prendre le xëdd. Ndogou ça peut signifier le repas de rupture du jeûne. Ça peut signifier aussi rompre le jeûne Dogg Interrompre le jeûne Xiif avoir faim Mar avoir soif Suukaru koor c’est un présent composé souvent de denrées de première nécessité qu’un époux donne aux parents de son épouse durant le mois de ramadan. L’épouse peut également faire de même pour les parents de son époux. C’est selon une tradition non pas islamique mais bien sénégalaise. Le présent peut être remplacé par une somme d’argent, un tissu, etc. Murum koor C’est l’aumône que tout musulman doit donner aux plus démunis à la veille de la fin du mois de ramadan. Selon la tradition islamique, c’est cette aumône qui va valider notre jeûne du mois de ramadan. Même ceux qui n’ont pas encore atteint l’âge de jeûner sont concernés par le mburum koor. Il est préférable que l’aumône soit composée d’une denrée dont vivent régulièrement les habitants du milieu où l’on se trouve. Par exemple, pour le Sénégal, le riz, le mais ou le riz peuvent constituer le mburum koor. Le Mburum peut aussi être chiffré en somme d’argent. Weer wi La lune Lekk Manger Jeex Maigrir, Nafila Les prières surérogatoires effectuées après la prière du soir. Elles annoncent à chaque fois le jeûne du lendemain. Par exemple, si je dois jeûner demain, je fais la nafila juste après la prière du soir d’aujourd’hui.