Un avenir incertain pour les hôtels situés autour de l’ancien aéroport

Être situé à quelques encablures de l’aéroport est un avantage certain pour un hôtel. Avant un vol, ou entre deux avions, les réservations ne manquent pas. Aujourd’hui, l’avenir semble sombre pour les hôteliers qui ont investi autour de l’ancien aéroport de Dakar.

Publié le 15 décembre 2017  

La donne a changé aujourd’hui avec l’ouverture de l’aéroport international Blaise Diagne, situé à une cinquantaine de kilomètres de Dakar. De nombreux hôteliers sont inquiets car les clients semblent s’être envolés avec les derniers avions qui ont décollé le 6 décembre de Léopold Sédar Senghor avant sa fermeture.

Annulation de nombreuses réservations depuis le 7 décembre

À chaque fois que le téléphone de la réception sonne, Demba est anxieux. Il a peur de ce qu’il va entendre. « Oui madame, je comprends très bien, ne vous en faites pas. Bon séjour au Sénégal et nous espérons vous voir si vous passer par Dakar la prochaine fois ». Quand il raccroche, son visage annonce une mauvaise nouvelle. Il confirme : « C’est la cinquième annulation qui tombe depuis que l’aéroport de Diass a ouvert. C’est une cliente qui doit se rendre en Casamance qui a décidé de loger dans les environs de Diamniadio avant son départ dans deux jours pour Cap Skirring. »

De nombreux gérants d’hôtels, maisons d’hôtes, résidences situés autour de l’ancien aéroport vivent la même situation. Ce qui était un avantage il y a encore quelques semaines s’est vite transformé en calvaire pour eux.

Nombreux parmi les clients qui réservaient ne restaient pas longtemps sur Dakar. Ce n’était qu’une étape avant de commencer la visite des stations touristiques de l’intérieur du pays, ou juste le temps de visiter Gorée avant de reprendre son vol retour. Pour un professionnel du tourisme, ce n’est que le début des ennuis. Il explique : « Depuis un moment, Dakar n’attire plus les touristes. Ils fuient la capitale et préfèrent aller passer leurs vacances à l’intérieur du pays. La plupart de ceux qui réservaient à Dakar ne le faisaient que pour quelques jours avant de partir ailleurs. Maintenant que les avions atterrissent à Diass, ils ne voient plus la nécessité de prévoir une étape à Dakar. »

Les plus gênés par ce changement sont les hôtels de moyen standing, les maisons d’hôtes ou les résidences, qui accueillent surtout les touristes de passage.

Problèmes de transport pour les clients

Pour ceux qui gardent leurs réservations se pose maintenant un problème de transport depuis l’AIBD. Les clients grognent devant les prix affichés pour rejoindre leurs hôtels quand ceux-ci n’ont pas de navettes. Arrivés à l’aéroport, les tarifs officiellement affichés grimpent et parfois vous n’avez le choix que de payer au risque de ne pas pouvoir rejoindre votre destination. Pour ces hôtels, la solution qui est en train d’être trouvé, c’est de proposer au client d’inclure le transport dans leur réservation et d’envoyer un chauffeur les prendre au nouvel aéroport.

L’autoroute à péage Dakar-aéroport

Les hôtels d’affaires ne sont pas vraiment inquiétés

C’est un tout autre son de cloche au niveau des hôtels d’affaires. Très peu d’annulation à cause de l’ouverture du nouvel aéroport, le rythme n’a pas vraiment changé. Un directeur rassure : « Nos clients viennent surtout pour les affaires, donc ça ne change rien pour eux que l’aéroport soit à des kilomètres. Nous avons des navettes qui vont les chercher dès leur arrivée. Nous n’avons pas les mêmes soucis que les autres qui sont surtout dans le tourisme le loisirs ou le transit. Les hommes d’affaires descendent tous les jours sur Dakar, donc notre clientèle ne baisse pas par la grâce de Dieu. »

Pour ces hôtels dakarois, pas de ciel gris à cause de la délocalisation de l’aéroport. La position de Dakar comme pôle d’affaires reste un atout. Mais la mise en place de la nouvelle cité de Diamnadio changera peut-être la donne dans l’avenir.

Eva Rassoul

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