Artiste majeur né en 1969, Soly Cissé est diplômé de l’école des Beaux-Arts de Dakar.
Présent dans toutes les grandes foires et expositions d’art contemporain depuis 15 ans, dont « Africa Remix » à Beaubourg et Londres), il est un acteur incontournable de l’art actuel issu d’Afrique.
Le continent africain, après avoir influencé l’art moderne, vit depuis un siècle dans un aller-retour constant, fertile et dynamique, entre ses cultures, ses racines et les créations contemporaines occidentales.
Soly Cissé est un artiste majeur, qui, dans ses collages et les tableaux présentés dans ces deux expositions, met en scène des personnages torturés par le doute. Reflet des réflexions et accidents personnels récents de l’artiste. C’est ici une étape importante de son travail, entre bilan et renouveau.
Collages, peintures, installations, vidéo, sculptures, Soly Cissé est un artiste à l’œuvre protéiforme...
On y retrouve, comme fil directeur, ces êtres hybrides, ces animaux, ces esprits, pictogrammes, graffitis, silhouettes sénoufos. Des formes émergent, prises dans le mouvement de la couleur en fusion, au bord de la figuration.
Créatures inachevées, personnages appartenant à un stade non situé (antérieur, postérieur ?) de l’humanité. Enfants, animaux, tous sont saisis frontalement, leurs visages à demi ébauchés.
Il peint, sculpte, façonne le kraft, l’argile, il travaille les toiles en série graphique, recycle le bois. Soly Cissé explore des voies risquées, inédites. Il est habité d’une colère saine, assez sûr de ses influences pour ne pas les citer. A l’écoute du monde urbain, il est de ceux qui peuvent sereine- ment se départir de l’adjectif « africain », sans regret ni repentir, puisque l’Afrique aujourd’hui est en lui, comme facteur de modernité.
Le trait, décidé de Cissé, nerveux, agile, reprend le fusain là où l’avaient laissé ses lointains ancêtres. Rapide, il capte l’être par défaut, les figures naissent ainsi de l’informe sans le brusquer. Juste un clin d’œil au destin.
L’œuvre de Soly Cissé est remarquable par sa graphie singulière, spontanée.
Dans ses collages exposés à la galerie Ellia, les esprits et les figures inquiétantes ou protectrices ne révèlent pas les divinités d’une culture, mais une fantasmagorie.
Il y a chez lui une volonté affirmée de provoquer une tension fertile et dynamique. Plus on pénètre dans son microcosme peuplé d’esprits et de monstres, plus s’affirment les grandes confrontations entre des bleus intenses et des jaunes stridents. C’est dans la lente et patiente découverte de son langage plastique que l’harmonie se rétablit peu à peu, ajuste son équilibre.
Il y a quelques années, le critique Philippe Dagen écrivait (Le Monde) « Il y a là sans hésitation un artiste majeur, qui va droit au but ».