Où vont les émigrés sénégalais ?
La diaspora représenterait 700 000 personnes en 2020, soit 4 % de la population du Sénégal.
Les dix premiers pays de destination des Sénégalais se répartissent entre l’Europe occidentale (France, Italie, Espagne), l’Afrique de l’Ouest (Mauritanie, Gambie, Côte d’Ivoire, Mali), l’Afrique centrale (Gabon, Congo) et l’Afrique du Nord (Maroc).
L’Europe est donc la première destination (49,7 %), puis Afrique (47 %) et enfin l’Amérique du Nord (3 %).
On observe une diversification des destinations au cours des dernières années, particulièrement vers les États-Unis et l’Allemagne puis vers le Canada, la Belgique et le Royaume‑Uni.
Ces émigrés proviennent essentiellement de la région de Dakar (30 %), de Matam (14 %), de Saint-Louis (10 %), de Diourbel (9 %) et de Thiès (9 %). Dans une moindre mesure, les régions de Tambacounda (7 %), de Kolda (5 %), de Louga (5 %) et de Kaolack (3,5 %) sont des foyers émetteurs, de même que les régions de Ziguinchor (3 %), de Sédhiou (2,5 %) et de Fatick (2,4 %). Les ressortissants de Kaffrine et de Kédougou sont les plus faiblement représentés dans les effectifs d’émigrants récents avec respectivement 1,2 % et 0,5 %.
Qui sont les émigrés ?
Le phénomène migratoire concerne particulièrement les jeunes des quartiers péri-urbains populaires et du milieu rural. Les ressortissants des zones traditionnelles de pêche artisanale sont aussi de plus en plus impliqués. Le secteur informel semble constituer un grand « réservoir » de potentiels candidats à l’émigration internationale.
La plupart des Sénégalais n’ont aucun niveau d’instruction au départ de la migration (45,5 %), contre 18 % de niveau primaire, 10 % de niveau secondaire et 10 % de niveau supérieur.
Les migrants récents sont composés de 83 % d’hommes contre 17 % de femmes.
La part d’émigrés sénégalais ayant la nationalité du pays d’accueil varie significativement selon les pays. Elle est particulièrement faible en Italie (12 %) et en Espagne (13 %) et relativement élevée en France (56 %). Ces différences s’expliquent notamment par les législations nationales en la matière et par le caractère plus ou moins récent de l’immigration sénégalaise dans ces pays. Les femmes nées au Sénégal et les diplômés du supérieur acquièrent plus souvent la nationalité française.
Pourquoi partent-ils ?
Les principaux motifs de migration internationale des Sénégalais sont relatifs à la recherche de travail (73,4 %), aux études et apprentissage (12,2 %), aux raisons familiales (6,9 %) et au mariage (3,3 %). La recherche d’un emploi est le facteur essentiel qui explique la propension élevée des Sénégalais à migrer à l’étranger, en particulier le fort désir des jeunes à partir à tout prix.
L’émigration irrégulière
La complexité du phénomène de l’émigration irrégulière la rend très difficile à mesurer et il est pratiquement impossible de fournir des chiffres exacts sur son ampleur. Les données sur le phénomène sont à la fois parcellaires et fournies de manière discontinue, en fonction de certains événements tragiques très médiatisés qui relèvent plutôt de l’humanitaire. On sait par exemple que 10 300 Sénégalais sont arrivés en Italie par voie maritime en 2016 ; il y aurait 6 500 Sénégalais en Libye en 2018.
Contribution de la diaspora au développement
Les transferts des migrants représentent donc ressource financière très importante pour l’économie sénégalaise.
Les transferts de fonds des émigrés sénégalais se sont élevés à 2,5 milliards USD en 2019, soit environ 1 400 milliards de francs CFA, ce qui représente 13 % DU PIB ; ils ont été multipliés par 2,7 depuis 2005. Ceci est équivalent à la somme de l’aide publique au développement et des investissements directs étrangers.
Sur l’ensemble des envois de fonds des migrants reçus par le Sénégal en 2019, 60 % provenaient de France, d’Italie ou d’Espagne. En 2011, 82 % des transferts provenaient d’Europe, 10 % d’autres pays africains, et environ 6 % des États-Unis.
Près de 30 % des ménages sénégalais reçoivent des transferts depuis l’étranger. Ces proportions sont plus élevées en ville, notamment à Dakar, qu’en milieu rural.
Les aides pour l’investissement de la diaspora
Comment favoriser l’orientation de l’épargne des émigrés vers l’investissement économiquement productif ? Un certain nombre de dispositifs sont mis en place pour promouvoir les investissements de (…)Les migrants de retour sur le sol sénégalais
Environ 52 % de tous les migrants revenus au cours des cinq dernières années vivaient dans les régions de Dakar, Matam et Ziguinchor, alors que ces deux régions ne représentaient que 31 % de la population totale née au Sénégal.
Globalement, en 2013, 16 % des migrants de retour récents âgés de 15 ans et plus avaient au moins achevé leurs études secondaires, tandis que 57 % d’entre eux n’avaient pas terminé leurs études primaires. Les migrants revenant des pays voisins du Sénégal étaient plutôt moins éduqués. À l’inverse, les migrants sénégalais revenant de France étaient beaucoup plus nombreux à avoir terminé leurs études secondaires : c’était le cas de 47 % d’entre eux, et 33 % avaient un diplôme de l’enseignement supérieur.
Alors que les migrants de retour hommes ont des taux d’emploi similaires à ceux de leurs homologues non-migrants, les femmes ayant vécu à l’étranger bénéficient d’une meilleure insertion professionnelle que la moyenne. Elles ont de plus un meilleur accès à l’emploi salarié.