Jadis, dit-on, c’était un village de pécheurs dénommé « Teung geej ». Ensuite, les portugais dont des vents favorables avaient mené les navires sous ces latitudes, y accostèrent. Ils baptisèrent les lieux du nom poétique de Rio Fresco : rivière fraiche. Certains prétendent d’ailleurs qu’ils dirent plutôt Ré fresco, havre de fraicheur ou encore Rio Fusco, rivière noire.
Qu’importe finalement puisque d’autres étrangers vinrent et l’appelèrent Rufisque. Ils en firent une ville. Ils y construisirent de jolis bâtiments rappelant leurs demeures laissées la bas, de l’autre côté de l’Océan.
Le damel du Cayor, Lat Dior, avait dit : gan du tabax : l’hôte de passage ne construit pas ! Il avait bien raison parce que les hôtes prirent souche et des siècles durant, y furent chez eux.
Ils repartirent finalement en laissant les bâtiments sur place. Traces d’un passé rempli de pages sombres. Empreintes non dissimulables d’une tranche d’histoire faite de luttes, de résistance, d’héroïsme souvent anonyme. Marques-témoins d’un passé commun et patrimoine endogène, désormais de la Ville de Rufisque dont le nom autochtone de Tenggeej n’a jamais été enseveli par les péripéties et vicissitudes de l’ère coloniale.
Ce patrimoine, dont chaque pierre est un livre d’histoire en soi, part en lambeaux.
La mer, jalouse de ces pierres-mémoire de la cité, sape, jour après jour, avec la patience immobile des génies mécontents, de larges pans de ces vestiges prestigieux. Parfois, dans sa furie, elle devient plus dévastatrice et engloutit des quartiers entiers de la cité.
Et l’homme, oublieux et complice inconscient aide la mer dans cette œuvre de destruction.
Mais c’est la mémoire de la cité qui s’effrite avec chaque balcon qui tombe, avec chaque pan de mur qui s’écroule, avec chaque bâtiment désossé laissé à la merci du vent, de la pluie et du soleil.
Chaque maison coloniale, au style si sympathiquement désuet qui s’affaisse, emporte dans sa chute une partie de l’âme de la cité de Maurice Gueye. Reste à Khar Mbaye Madiaga d’entonner à plein poumon le chant de la sauvegarde pour défendre ce patrimoine en péril.
Et tous les sénégalais sont interpelés, tous les africains et tous ceux avec qui nous avons cette histoire en commun. Il est temps de prêter oreille à ces pierres et ces tuiles, à ces ardoises et ces balcons de fer forgé, dont les plaies béantes sont de terribles accusations contre note coupable négligence.
Sinon demain, c’est à travers les photos jaunies d’un album oublié dans une vieille malle que nous tenterons de montrer à nos enfants ce qu’était le patrimoine d’une des villes des quatre communes
16 janvier 2015 à 20:56, par Alioune Gueye
C’était une belle aventure et je remercie tous les jeunes artistes photographes qui ont participé a ce projet sans oublier nos hôtes de différentes nationalités .Mention spéciale a l’initiateur le talentueux Mandémory
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16 janvier 2015 à 17:34, par diatou waly sene
merci pour ce clin d’oeil et ce plaidoyer qui mérite d’être crié sur tous les toits du monde pour pouvoir passer le message et permettre aux générations futures et actuelles un leg digne de ce nom.le patrimoine est un bien commun,à nous de’interpeller les autorités pour sa sauvegarde et sa protection !féliciatations M.Boubacar TOURE Mandémory pour ce beau travail abattu dans la vieille cité et son projet ’villes en décrépitude’.
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14 janvier 2015 à 21:03, par Boubacar Touré Mandémory
Merci pour avoir diffusé ce travail ; qui sans votre aide ou participation serait resté inaccessible au public . Grand respect à vous
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