Je vis à Dakar depuis plusieurs années et je m’y sens bien, comme la plupart de ceux qui viennent d’ailleurs. Mais je finis par être à court d’idées pour occuper mes week-end et jours fériés.

J’avais bien sûr visité Gorée peu après mon arrivée, visite incontournable pour les touristes, classée au Patrimoine mondial par l’Unesco. Je me suis dit « voila c’est fait, c’est beau, passons à autre chose... » Et son souvenir s’était peu à peu estompé.

J’y suis retourné il y a quelques mois à l’occasion de l’exposition « Regard sur cours’ » : je suis entré dans les maisons, j’ai rencontré les artistes et contemplé l’architecture, je l’ai appréciée différemment, sans que l’on me l’explique. Et ça m’a donné envie d’y revenir.

Alors en plein milieu de semaine, fatigué par cet fin d’hivernage  , des moustiques et de la moiteur qui les accompagnent, énervé par les embouteillages et par les caniveaux qui débordent, à l’étroit dans mon petit jardin bétonné, j’ai saisi l’occasion de l’anniversaire de notre mariage pour prendre la chaloupe avec celle que j’aime. La convaincre a été plutôt facile sitôt lui avoir dit qu’on y trouverait des hôtels et maisons d’hôtes plutôt charmants.

Si loin, si proche...

Mercredi à 15 h 30 à la gare maritime de Dakar. Les formalités sont rapides, nous embarquons sur le Coumba Castel et déjà l’atmosphère n’est plus la même. Sur le quai du débarcadère de Gorée nous croisons quelques touristes sur le retour de leur escapade insulaire : c’est à ce moment que l’on se sent bien et que l’on respire un grand bol d’air. Sacs sur le dos façon jeunes aventuriers et main dans la main, nous partons à la recherche de notre nid d’amour. Quatre minutes de marche à travers les petites ruelles suffisent pour trouver l’entrée d’une vieille bâtisse en pierre et enduit d’ocre rose du XVIIIe ou XIXe siècle.

Aussitôt reçus chaleureusement, nous nous dirigeons vers notre chambre. Lit à baldaquin, plancher en bois et petit balcon typique des maisons de cette époque. C’est magnifique : nous venons en quelques minutes de changer de siècle et de planète.

Nous repartons rapidement pour profiter de la fin du jour sur les hauteurs du Castel et pour apprécier le couché de soleil. Nous échangeons avec les artistes exposant leurs tableaux de sables et statuettes, surpris de voir des visiteurs à cette heure, passons un très bon moment en leur présence.

Gorée ne ressemble à rien d’autre. Le temps semble s’y être arrêté et la ville que l’on voit si proche, au-delà du port de Dakar, semble être tellement loin. La nuit tombée, un bon dîner sur la terrasse nous permet d’échanger comme nous ne l’avions pas fait depuis longtemps...