Le réseau ferroviaire sénégalais présente aujourd’hui deux visages contrastés : un train express régional moderne bientôt en service (?) entre Dakar et l’aéroport Blaise Diagne, et une infrastructure décrépite vieille de plus de 80 ans qu’est la ligne de chemin de fer Dakar-Bamako.
Depuis sa création en 1924, la ligne de chemin de fer Dakar-Bamako n’a jamais été modernisée. Les voies ont vieilli et certains tronçons sont devenus quasiment impraticables. Seules quelques locomotives fonctionnent aujourd’hui. Cette situation a engendré en 2010, puis en 2018, l’arrêt des rotations ferroviaires, avec des conséquences énormes pour les deux pays.
Pour le Sénégal, cette immobilisation a fait perdre au port presque 20 % de ses flux alors que Dakar est en compétition avec d’autres ports de la sous-région comme celui d’Abidjan, de Lomé, de Tema ou encore de San Pedro. Pour le Mali, le rail constituait un vrai couloir de désenclavement du pays et le train faisait vivre beaucoup de monde. Aujourd’hui, la précarité s’installe dans les zones où le train passait autrefois.
L’histoire du chemin de fer Dakar-Niger
Le projet de construction de la ligne de chemin de fer Dakar-Niger est élaboré à la fin du XIXe siècle par le général Gallieni, commandant du Soudan français. L’objectif était de relier le fleuve Niger et le port de Dakar afin de permettre l’acheminement des matières premières vers la métropole. La construction de la ligne sera achevée au début du XXe siècle : le tronçon Kayes-Koulikoro sera inauguré en 1904 et la totalité de la ligne, Dakar-Koulikoro, en 1924.
À l’indépendance du Mali et du Sénégal, après l’éclatement de la Fédération du Mali, l’ancienne Régie des Chemins de fer de l’Afrique de l’Ouest est scindée en deux compagnies distinctes, la Régie des chemins de fer du Mali (RCFM) et la Régie sénégalaise. Un accord entre le Sénégal et le Mali en 1962 détermine l’exploitation commune de la ligne par les deux régies.
En 1947, une grève des cheminots éclate et va durer plusieurs mois afin d’obtenir les mêmes droits que les cheminots français et une revalorisation de leur salaire. La grève dure du 11 octobre 1947 au 19 mars 1948 et aboutit à une augmentation des salaires de 20 % malgré entre autres l’emprisonnement du leader syndical Ibrahima Sarr et le licenciement de grévistes. L’écrivain sénégalais Ousmane Sembène relate cette grève dans son roman Les Bouts de bois de Dieu publié en 1960. Le film « Les pirogues des Hautes Terres » raconte aussi l’affrontement entre les colons et les cheminots.
Une privatisation qui a complètement déraillé
En 2003, le Mali et le Sénégal décident d’accorder une concession globale et intégrale à la société franco-canadienne Transrail SA pour une durée de 25 ans. La société s’engage à supporter l’entretien et l’exploitation de la ligne, mais aussi à investir dans la réfection des infrastructures.
C’est un constat d’échec : la dégradation de l’infrastructure et l’usure du matériel ne permettent plus de continuer l’activité ferroviaire qui présente de plus en plus un danger pour les usagers avec des accidents fréquents. Ceci entraîne l’arrêt des transports voyageurs en 2010, avant même la résiliation de la concession. Les deux États décident en 2015 de mettre fin à la concession qui devait durer jusqu’en 2028.
L’arrivée de Dakar-Bamako ferroviaire (DBF)
Le Mali et le Sénégal créent alors un nouvel organe provisoire de gestion appelé Dakar-Bamako ferroviaire (DBF) qui prend le relais du concessionnaire Transrail. Cet organe devrait s’occuper de la phase de transition et entamer la relance rapide du train Dakar-Bamako
Pour la reprise de l’activité ferroviaire, DBF a proposé aux deux États un plan d’urgence qui repose sur la rénovation de la voie ferrée, alors qu’ils voulaient au départ une reconstruction complète, mais très coûteuse, des 1 287 km du corridor Dakar-Bamako. Le coût de cette remise en état est estimé à environ 20 milliards de FCFA. Une reconstruction complète aurait coûté trois fois plus.
Les travaux de réhabilitation n’ont pas encore démarré et on apprend aujourd’hui qu’une étude de faisabilité est en cours pour la création d’une nouvelle ligne de chemin de fer reliant Dakar à Tambacounda avec de bifurcation vers Thiès, Diourbel, Gossas, Kaffrine, et Ziguinchor.
Le projet de ligne ferroviaire Dakar-Tambacounda
Les autorités sénégalaises envisagent ainsi de créer une nouvelle ligne ferroviaire a écartement standard entre Diamniadio et Tambacounda, voulant faire de Tambacounda un « hub » avec la construction d’un port sec ouvert sur la CEDEAO. Ce nouveau projet prendra en compte le prolongement du train express régional (TER) jusqu’à la région de Thiès avant de desservir d’autres régions enclavées du pays tout en permettant de renforcer les échanges commerciaux entre le Dakar et Bamako.
Projet de nouvelle ligne à écartement standard Dakar-Tambacounda avec Port sec à Tamba
Pour le moment le projet n’en est qu’à sa phase d’étude de faisabilité. Et pendant ce temps, la phase transitoire de la ligne Dakar-Bamako se poursuit aujourd’hui avec une entreprise (DBF) presque à l’arrêt, au préjudice des cheminots, de leurs salaires et de leur prise en charge sociale.
12 août 2021 à 03:39, par doudou ndiaye
bonjour sujet très intéressant c est l’objet de mon mémoire.
j aimerais vraiment fais partie du groupe qui travail sur ce projet afin de renforcer mes compétences acquises durant mon processus universitaire a L ISEP DE THIES et de mieux maitrise le projet jusqu’à sa réalisation merci.
votre aide me serais vraiment utile merci.
00221783961157
16 octobre 2021 à 08:36, par Yacouba Daou
bonjour !mon mémoire est sur la traction ferroviaire, je souhaiterais avoir de l’aide sur les problemes de traction ferroviaire.merci
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28 octobre 2020 à 01:16, par Abdoulaye NDIAYE
La liaison Dakar _Tamba à installer dans la continuité de Diamniadio en passant par Thiés, Diourbel, Ggéo, jusqu’à Tambacounda, telle que présentée dans l’étude pourrait très certainement contribuer au Renouveau du Chemin de Fer avec l’instauration d’un Transport bi_modes Rail_Route à partir du port sec de Tambacounda ,avec ou sans rupture de charge en transport conteneurisé ou non. Ce hub institué â Tambacounda permettrait un acheminement rapide par route vers Matam, Ziguinchor et le Mali. Depuis le Port de Dakar, des avances de tonnages pourraient ainsi être effectués sur le port sec de Tambacounda où les marchandises seraient dédouanées afin de permettre un désengorgement rapide du port de Dakar ou de Sendou. J’adhère à la vision et j’y ajoute un embranchement de particulier de l a Compagnie Sucrière qui acheminer ait ainsi sa production en destination de Tambacounda vers Dakar, Ziguinchor ou le Mali en disposant uniquement de hangars de stockage au niveau du port sec. Cet embranchement aboutirait sur la ligne principale Tambacounda_Matam.
11 juin 2021 à 18:27, par Pedibus
Bonjour Abdoulaye
En France on tente également de réhabiliter les services ferroviaires « oubliés » ou « négligés » : ainsi la liaison directe en train entre Bordeaux (ancienne ville coloniale...) et Lyon n’existe plus depuis le milieu de la décennie 2010. Cependant existe depuis un peu plus de deux ans une petite lueur d’espoir. Depuis qu’une chouette initiative a vu le jour, initiée par un ancien chargé de mission des questions de changement climatique en France puis dans diverserses instances européennes, en la personne de Nicolas Debaisieux : Railcoop, société coopérative de transports ferroviaires est née...
Pour plus d’infos : https://www.railcoop.fr/le-projet-railcoop/
Alors je me disais que peut-être qu’une telle aventure pourrait aussi voir le jour, entre Sénégal et Mali, avec des millions de porteurs de parts de coopérative, entre Dakar et Bamako, pour financer cette ancienne infrastructure, à l’origine coloniale pour siphonner les ressources africaines vers l’Europe, et aujourd’hui pour faire entrer deux Etats dans les projets planétaires de maîtrise du réchauffement climatique, avec la priorité au rail pour transporter voyageurs et marchandises...
Outre cette question on peut penser aussi à une échelle plus fine aux transports urbains des deux capitales, ou des plus grosses agglomérations sur l’itinéraire qui les relie, mais encore à l’échelle du continent on peut le concevoir comme un jalon pour un éventuel futur transafricain entre océans atlantique et indien... !
27 décembre 2021 à 18:06, par david
Bonjour , oui c’est une bonne idée , et pourquoi y ajouter la santé et ( ou ) la culture ! un train qui ferais aussi office de mission humanitaire. , ou l’on pourrais y soigner les gens ! ainsi que faire découvrir des spectacles ! un wagon qui pourrait passer une fois par mois avec un corps médical complet s’arrêtant pour consulter dans des villages ! en tout cas moi je suis partant pour lancer ça !
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