« Une narration réinventée de l’histoire du peuple noir » : c’est ainsi qu’Omar Victor Diop définit sa série « Liberty ». Mêlant autoportraits et mise en scène, l’artiste sénégalais revisite, sans lamentation, des épisodes marquants de la protestation noire. Ce travail sera exposé au festival de La Gacilly, en Bretagne (Morbihan), du 3 juin au 30 septembre 2017.
Les thématiques
Thiaroye, 1944
Le 1er décembre 1944, dans un camp militaire de Thiaroye, à Dakar (Sénégal), un groupe de tirailleurs africains, anciens prisonniers de guerre, manifestent pour le paiement de leurs indemnités et pécule promis depuis des mois par la France. Une sanglante répression est ordonnée par l’autorité coloniale. Soixante-dix de ces tirailleurs sont tués sans sommation. Le souvenir de ce massacre reste très vivace dans la mémoire collective de l’Afrique francophone. (Omar Victor Diop – Courtesy Galerie MAGNIN-A)
Nanny et Quao, Jamaïque, 1720
La reine Nanny est une des grandes figures de la résistance des marrons jamaïcains au XVIIIe siècle. Née au Ghana, au sein de l’ethnie Ashanti, elle fuit les plantations avec son frère Quao et fonde une communauté de marrons dans les Blue Mountains, dans la commune de Portland, vers 1720. L’endroit, réputé inaccessible, sera baptisé Nanny Town. L’économie de cette communauté, menée d’une main de fer, était basée sur le troc, l’agriculture et l’élevage. On attribue à Nanny la libération de plusieurs centaines d’esclaves sur plusieurs décennies. (Omar Victor Diop – Courtesy Galerie MAGNIN-A)
La guerre des femmes, 1929
De novembre 1929 à janvier 1930, 25.000 femmes du groupe ethnique Ibo, dans le sud-est de l’actuel Nigeria, se révoltèrent contre la volonté des Britanniques de prélever un impôt. Le gouvernement colonial tenta de réprimer cette « guerre des femmes », entraînant la mort de dizaines d’entre elles. (Omar Victor Diop - Courtesy Galerie MAGNIN-A)
Aline Sitoé Diatta, 1944
Aline Sitoé Diatta proclame en 1944 la résistance des agriculteurs de sa région, la Casamance, dans le sud du Sénégal, contre l’effort de guerre et les bouleversements de la société traditionnelle imposés par la France. Arrêtée pour insurrection et déportée à Tombouctou, au Mali, elle décédera à l’âge de 24 ans, victime de mauvais traitements. (Omar Victor Diop – Courtesy Galerie MAGNIN-A)
Selma, 1965
En 1965, trois marches reliant les villes de Selma et Montgomery (Alabama) sont organisées pour défendre le droit de vote des Noirs. Le 7 mars, 600 manifestants sont fortement réprimés par la police : c’est le Bloody Sunday. Martin Luther King participe aux deux marches suivantes, les 9 et 25 mars. Les exactions et les assassinats perpétrés à cette période par la police et le Ku Klux Klan attirent l’attention de la communauté nationale et internationale sur la question des droits civiques. (Omar Victor Diop – Courtesy Galerie MAGNIN-A)
Trayvon Martin, 2012
Le 26 février 2012, Trayvon Martin, un Afro-Américain de 17 ans, est assassiné à Sanford, en Floride. George Zimmerman, résident d’un quartier touché par une série de cambriolages, lui a tiré un coup de feu mortel. Il sera acquitté. Un verdict qui entraînera un important mouvement de contestation et fera de l’affaire Trayvon Martin un moment clé dans la lutte contre les violences faites à la jeunesse noire américaine. (Omar Victor Diop – Courtesy Galerie MAGNIN-A)
6 septembre 2017 à 11:17, par Iside Ceroni
Admirable travail comme celui que j’ai vu il y a deux ans à Arles. Je voudrais souligner les mots « sans lamentations » qu’on a écrit dans la présentation parce que c’est un surplus important qui s’ajoute à l’intelligence e au talent de cet artiste.
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