Expositions, salons, rencontres internationales, festivals, biennales, forums d’art, ateliers… la lecture du curriculum vitae de Kalidou Kassé donne le tournis.
D’origine toucouleur, mais né en 1957, du côté de Diourbel, au cœur du Baol, Kalidou Kassé, surnommé le pinceau du sahel est, sans conteste, l’artiste plasticien qui a réussi la prouesse d’être aussi bien connu à l’extérieur qu’à l’intérieur de son pays. Qui disait que nul n’est prophète dans son pays ? Rien d’étonnant à cela puisque, d’un bout à l’autre de la planète, partout où cet artiste prolifique a exposé, on s’arrache ses œuvres.
Dans l’atelier de Kalidou Kassé
Réalisation : Kamikazz, à voir sur Sénégal360
Même si ses talents de jeune artiste ont très tôt séduits son entourage, Kalidou Kassé va connaître son heure de gloire au début des années 90, aux Etats-Unis au cours d’une série d’expositions et de rencontres. Il prend subitement conscience de la dimension culturelle de l’art ainsi que de la nécessité d’opérer une rupture par rapport à la mouvance généralisée du mimétisme abstrait.
Cette mutation révèle en lui le besoin incompressible de restituer sa sensibilité africaine. Sous son pinceau, les personnages, les animaux et les objets prennent alors une touche filiforme et légère comme l’émanation stylisée du fil. Dans une démarche innovante, il renvoie à la relation entre le tisserand et le fil à tisser pour enfin restituer admirablement la réalité et les souvenirs de sa jeunesse diourbelloise.
Kalidou Kassé cristallise toutes les aspirations d’une peinture africaine qui veut sortir de l’ornière de l’extraversion, tant décriée par feu Iba Ndiaye DIADJI, pour enfin renouer avec l’esthétique purement négro africaine.
A partir de ce moment, du fond de ses tableaux, se dégage quelque chose qui lui est fondamentalement personnel, à nul autre pareil. Une touche originale. Il a alors trouvé sa voie. Une voie sûre qui lui a permis, depuis, d’exprimer à travers ses œuvres sa sensibilité particulière de fils du Sahel.
Grâce à une recherche de tous les instants sur les ressources incommensurables de l’acrylique et du mélange des couleurs Kalidou kassé parvient à offrir au public des images d’une poignante sincérité. Il sait jouer avec raffinement avec les tons et arrive à créer des contrastes saisissants qui donnent à ses tableaux leur extraordinaire expressivité. “ Mon passage aux manufactures des arts décoratifs de Thiès entre 1976 et 1979 m’a permis d’apprendre le mélange des couleurs. Les œuvres de tous les grands peintres sénégalais de cette époque là ont été tissées sous mes yeux. Pendant deux ans, j’ai pu suivre et analyser l’évolution de leurs techniques ” confie Kassé d’un air malicieux.
Sur ses différents tableaux, la présence oppressante de baobabs rabougris qui semblent se tordre sous un soleil ardent est la réminiscence d’une période trouble de son existence. Un passage à vide, des moments particulièrement difficiles vécus à son arrivée à Dakar en 1979. La contemplation des nombreux baobabs centenaires qui peuplaient la zone des Sicap Liberté VI, l’a marqué à vie. Et, cela transparaît dans ses œuvres. Ces décors dépouillés, uniquement peuplés de personnages filiformes sur des tranches de vie traditionnelle ne sont pas seulement les reflets de scènes vécues dans son enfance comme beaucoup semblent le croire. Marcel Proust ne disait–il pas que “ les œuvres, comme des puits artésiens montent d’autant plus haut que la souffrance a plus creusé le cœur”.
Ce forçat de la peinture - “il m’arrive souvent de rester de 8h du matin jusqu’au-delà de minuit sans sortir de mon atelier” susurre t-il d’une voix lasse mais déterminée - grâce à un travail patient et persévérant a de plus en plus recours au collage de tissus, perles, latérite, navettes de tisserand, circuits intégrés, en somme divers objets intégrés à la toile pour mieux faire ressortir le tracé des formes longilignes. On sent chez cet homme une quête perpétuelle, un élan tendu vers une démarche innovante. En ce sens, les Ateliers du sahel, son nouvel espace de création, proposent des services dans des domaines aussi variés que la conception graphique de cartes de vœux, l’édition, l’illustration de couvertures de livres, la réalisation d’agendas…etc.
Et l’inspiration dans tout cela ? Eh bien, chez ce travailleur infatigable, l’inspiration n’est jamais en congé. Elle l’empoigne, l’étreint à tout moment et n’importe où. Qu’il soit assis, couché ou en mouvement, de jour ou de nuit, dès qu’une idée commence à germer dans son esprit fertile, hop ! il la traduit par une esquisse pour ne pas perdre le fil. Ne pas perdre le fil, une obsession. Alors, un bout de papier peut faire l’affaire. S’il lui arrive de s’éloigner de ses bases, il griffonne au crayon des esquisses qu’il s’empresse de reproduire sur la toile une fois dans son atelier.
En vérité, Kalidou Kassé aime prendre des initiatives. En ce sens, c’est un touche-à-tout, un boulimique…Cela dérange ! Lorsqu’il a lancé l’idée d’ouvrir une galerie privée en 1990 nombreux furent ceux qui l’ont raillé. Mais aujourd’hui avec le foisonnement des galeries privées au Sénégal, il a le sentiment légitime d’avoir été un précurseur dans ce domaine. “Avec Paulane (son frère d’Art et partenaire dans cette Galerie des Artistes Réunis) nous n’étions pas compris” se désole t-il. “Mais la référence au prophète Mahomet (PSL) qui avait fait l’objet de persécution en son temps m’a donné la force de ne pas être diverti par les critiques de salon et de persévérer dans la voie que je m’étais fixée”.
Au nombre de ses satisfactions figure en bonne place le fait que 80 % des artistes Sénégalais ont eu à exposer dans la galerie. Ensuite, le fait notable que c’est dans le cadre de cette galerie qu’a été initiée et réalisée au Sénégal le plus grand, à ce jour, élan de solidarité en faveur de Alpha Waly Diallo, un artiste plasticien pour lui permettre d’aller se faire soigner en France. Au chapitre des regrets “la rupture avec Paulane qui, en 1999, a préféré aller s’installer aux Etats-Unis avant que nous ayons mené à terme notre projet, m’a fait mal” avoue t-il d’un air désolé. Ce qui l’amène à fermer la Galerie des Artistes Réunis quelques temps après avant d’ouvrir, en 2000, les Ateliers du Sahel au 33, cité Air Afrique.
L’art n’étant pas suffisamment soutenu par l’Etat, le combat que mène aujourd’hui celui qui est aussi le président du comité sénégalais de l’Association Internationale des Arts Plastiques auprès de l’UNESCO, consiste à se donner les moyens de devenir un véritable manager. Ce qui lui permettra d’aider les jeunes en mettant à leur disposition des espaces culturels afin qu’ils puissent donner libre cours à leur créativité qui ne demande qu’à s’exprimer. Son rêve le plus délirant ? Arriver à créer une sorte de “Villa Médicis” où de jeunes artistes pourront vivre et travailler sans se soucier du lendemain. Pour le rayonnement de l’art africain, rien que cela. Il ne rate, cependant, aucune tribune pour exhorter les jeunes artistes plasticiens à travailler sans relâche et à s’impliquer d’avantage dans l’acte de création à travers plus de recherche, de réalisme et de sérieux afin de sortir des sentiers battus.
Son engagement se manifeste aussi à travers les ateliers qu’il anime régulièrement un peu partout. Cela a été le cas du 19 au 20 juillet 2004 où il a animé un atelier de formation intitulé “Ndamal Ngal” (la porte en langue Peulh) qui a vu la participation de 85 jeunes chômeurs et enfants en difficulté. En phase de réinsertion sociale, ces derniers ont été formés aux techniques de Batik et de Thioub par les Ateliers du Sahel en partenariat avec le WAMP et la fondation Sonatel. Plus récemment, le 25 octobre 2004, il a tenu, en partenariat avec l’UNESCO BREDA, un atelier d’animation en faveur des jeunes handicapés du centre Talibou Dabo de Grand Yoff.
Eternel insatisfait, il relativise sa réussite sociale. Parlez gros sous avec lui, il fera aussitôt le naïf. Sans en avoir l’air, il martèle qu’il n’a encore rien réalisé de significatif. Tout juste s’il reconnaît avoir construit lui-même sa propre maison qu’il habite à Dakar. On l’imagine aisément, Kalidou Kassé est un père pantouflard. Entre deux expositions à l’étranger, il trouve toujours le moyen de rentrer retrouver sa discrète et non moins précieuse épouse, Fatoumata Ndiaye et chouchouter ses cinq enfants avant de repartir. Aussi, à près de cinquante ans, il reste très attaché à sa mère qui vit encore à Thiès ville située à 70 km de Dakar. Il profite de la moindre occasion pour aller l’embrasser. Comme pour se consoler de la perte cruelle de son père, décédé en 2003. Ce père, ex-cheminot, qui le prédestinait aux métiers du chemin de fer.
Aujourd’hui, Kalidou Kassé ne tient toujours pas en place. Le béret noir vissé sur son crâne dégarni qu’il ne quitte pratiquement jamais et qui lui donne des airs de Ché Guévara, ce travailleur pugnace et ambitieux tiendra à vous dévoiler la nouvelle trame qu’il vous invitera à explorer sur le champ. Toujours est-il qu’il reste et demeure un peintre magnifique, un expressionniste, ou plutôt un sur expressionniste comme le définit Hamidou Dia, dont le tempérament de feu happe littéralement l’univers extérieur pour le fondre dans le tourbillon de ses touches tout en délicatesse, tout en finesse...
Ateliers du Sahel - 33, cité Air Afrique - Ouest Foire - Dakar
Tél. 33 820 83 25
10 janvier 2016 à 17:44, par diagola
je souheterais avoir adressé email de mr kalidou kasse j’aime son travaille je suis en France a Marseille. D’origine sénégalais ce que je peus dire c’est un grand et talentueus peintre
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2 juillet 2015 à 16:27, par cassé gérard
Bonjour,
Je voudrais de tes nouvelles depuis six ans qu’on se n’est pas vu.
En espérant que tu as bien. Tu peux me répondre par mail.
Bien à toi
Gerard
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18 mars 2015 à 10:55, par entreprise
bonjour monsieur,
Pouvons nous avoir votre email pour vous proposer un marché concernant la peinture que vous utilisez pour vos œuvres.
Cordialement, damel consulting group
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31 mai 2014 à 01:38, par louisa
je voudrais acquérir une toile de Kalidou Kassé car après avoir donné à mon petit-fils celle que j’avais depuis des années, il me reste un vide. J’habite maintenant en France, comment faire ??? je sais quel tableau je veux. Merci pour la réponse.
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1er avril 2012 à 08:31, par Ibrahima Thiam
Aidez moi svp jai un immense potentiel en dessin mais je n’ai aucune aide pour l’exploiter. Pour plus de detail appeler le 777933633
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