Un village à nul autre pareil

Kafountine, un village de Casamance...

La Casamance, perle méridionale du Sénégal, abrite un village iconoclaste, original, plein de charme dont ceux qui ont eu le bonheur de s’y rendre s’accordent à dire qu’il est vraiment à part et ne ressemble à aucun autre.

2 commentaires

D’où vient cette particularité qui fait de Kafountine, un endroit si attachant ? Pourquoi est-il si différent des autres ? Pourquoi s’y sent-on si bien ? L’atmosphère villageoise nonchalante qui y règne doit y être pour quelque chose, mais sans aucun doute les particularités géographiques sont un élément essentiel à cette impression de sérénité tranquille.

La communauté rurale de Kafountine rassemble quatorze villages, les plus importants étant Abéné, Diana, Colomba, Kabadio, Niafarang. Bordée par l’Océan atlantique, le village bénéficie d’une plage sauvage et quasi déserte qui s’étire sur des kilomètres, mais il est surtout en plein cœur d’une brousse luxuriante composée d’une forêt de palmiers entourant un lac naturel, véritable réserve ornithologique, prochainement classée parc national.

Polémique autour de l’exploitation du zircon en Casamance

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La Casamance refuse le projet zircon de Niafourang

Pressenti comme une grave menace pour l’environnement et tout l’écosystème du littoral de la Casamance, le projet minier du zircon de la société Carnégi-Astron se heure à l'opposition catégorique (…)

Un village de pêcheurs

Kafountine est avant tout adossé à l’Atlantique ; son village de pêcheurs, Téfes, est à présent le plus important de Casamance avec plus de 200 pirogues installées sur la plage, ses 3 000 à 4 000 personnes y travaillant pour transformer le poisson, pour le sécher, le fumer…chaque retour de pêche est toujours un spectacle fantastique.

Séchage du poisson à Tefès, Kafountine

Les porteurs, des grands garçons costauds et courageux, se pressent avec leur caisse vide au bord de la pirogue, bravant les vagues, et récupérant les poissons frais du jour pour ensuite courir jusqu’à la plage et ses fumeries et y déverser la précieuse cargaison, s’empresser de retourner dans l’eau remplir de nouveau leur caisse portée sur la tète et, de nouveau, se relancer dans un sprint effréné vers la plage. Plus on court vite, plus on charge et décharge de caisses et plus on gagne d’argent évidemment…le poisson y est un des moins chers du Sénégal, il y est en abondance, barracudas, caranges, raies et autres capitaines sont présents en nombre.

Les femmes chantent en ramassant le riz

« Un pays où les habitants mangent bien est toujours un pays heureux » disait le vieux sage et cela doit être particulièrement vrai pour Kafountine. Car outre son coté océanique et poissonneux, les rizières qui entourent le village sont particulièrement fertiles.

Il faut voir les charrettes remplies du précieux riz, qui se récolte après la saison des pluies, généralement en novembre/décembre de chaque année, accompagnées par le sourire de toutes ces femmes, fières d’avoir travaillé dur pour pouvoir assurer la pitance familiale pour une bonne partie de l’année.

Repiquage du riz

On peut les voir ces femmes en boubou traditionnel coloré pendant la journée, un petit couteau à la main pour récolter ce précieux riz, toutes alignées comme pour un départ de marathon et faisant toutes les mêmes gestes au même moment dans un même rythme. Car il faut dire que ces femmes ont trouvé le moyen de danser en travaillant, le griot   au son de son tam-tam accompagnant et rythmant la démarche et l’avancée des danseuses-travailleuses. Comment prendre plaisir tout en travaillant efficacement, il semble que les femmes Karoninkés ont trouvé là une bonne réponse.

Des forêts et des îles

Toute la zone environnante est plantée de centaines d’hectares de manguiers, d’orangers, citronniers, mandariniers et autres pamplemoussiers. Lorsqu’on circule dans ces parages, on comprends alors pourquoi on surnomme cette région le grenier du Sénégal. Des bananeraies sont en train de voir le jour tant la terre est bonne et la pluie en abondance en hivernage  .

Du poisson, du riz, des fruits en abondance, Kafountine a décidement un avant-goût de jardin d’Eden. Si l’on ajoute à sa plage ses forêts de palmiers (et sa fameuse huile de palme), ses lagunes couvertes de fleurs de lotus (celle de l’Esperanto Lodge et celle du Sitokoto), on se rapproche d’un possible paradis… Celui-ci est presqu’atteint lorsque l’on se rend dans les îles Karones en pirogue, car Kafountine est aussi l’embarcadère et le point de départ pour atteindre cet archipel niché au cœur des bolongs  . Dans ces labyrinthes, une sorte d’« Amazonie africaine » où les amateurs d’ornithologie seront ravis avec tous ces aigles pêcheurs, vautours palmistes, pélicans et grandes aigrettes qui accompagneront votre pirogue au fil de l’eau pour atteindre, après une heure vite passée, les village de Kaïlo, Boune ou Saloulou.

Le village de Boune, rare village au bord d’un bolong

Ces petits villages de confession chrétienne blottis au cœur des îles sont véritablement le joyau du secteur, où la simplicité rime avec la gentillesse des habitants. Ils se feront une joie de vous faire goûter leur vin de palme en causant sous l’arbre à palabres à l’abri du soleil généreux. De retour à Kafountine, il n’est pas rare d’entendre le son des djembés de quelques jeunes rastas dont le rôle dans l’animation du village est primordial.

Les Karones

La zone de Kafountine est une région où l’on parle encore le karone, une langue bak. Les Karones sont une population insulaire assez isolée, mais dotée d’une grande cohésion sociale. Les fétiches y sont encore redoutés et régulièrement consultés.

Festival et carnaval

Le festival d’Abéné, qui se déroule chaque année depuis seize ans, en décembre, et le carnaval de Kafountine, en février, sont les rendez-vous culturels attendus de toute la population et des nombreux voyageurs venus d’ailleurs. Chaque soir durant une semaine, ils auront la chance de découvrir des musiciens virtuoses, des tapeurs de djembés et de doum-doum incroyables, des ballets de danses africaines plus époustouflants les uns que les autres. Jeunes, vieux, locaux, étrangers, tout le monde se donne rendez-vous à ces deux dates et personne ne voudrait se le faire raconter…

Un village mondialisé

Kafountine a su garder son âme de simplicité et de gaieté, une ambiance villageoise malgré le fait et c’est là sa particularité, qu’il accueille désormais de nombreux étrangers.

Depuis une quinzaine d’année, une cinquantaine d’Européens sont devenus des résidents de cette petite localité et on les voit jouer aux boules au village le soir lorsque la chaleur à laissé place à la douceur de la brise océane. L’Afrique n’est pas en reste : des boutiquiers mauritaniens, des Guinéens, Ghanéens, Maliens et autres Camerounais attirés par les business liés à la pêche, sans parler Des gambiens tout proches venus en voisins. Paul, Ivoirien, a ainsi monté un excellent bar-restau au village et est devenu une figure locale ou encore Eric, un Français, responsable de l’hôtel Esperanto Lodge qui, avec sa femme Justine, originaire de Côte d’Ivoire essaie de faire le pont entre les voyageurs venus d’Europe et la population locale, à travers la culture et la nature. Leur campement est situé sur un des plus beaux sites de Kafountine, entre l’océan et une lagune entourée de palmiers. Quant à Justine, elle a le chic pour magnifier les superbes produits de l’océan pêchés non loin de là.

Kafountine, un village de Casamance qui mérite d’être mieux connu, mais pas trop, on ne voudrait pas qu’il change trop vite… Alors ne le dites pas à trop de gens qu’il existe un petit paradis au Sénégal…

En 2003, le puits d’eau douce de Kafountine a été inscrit sur la liste des Monuments historiques.

Casamance : hôtels, campements et résidences

Hôtels, campements, maisons d'hôtes, résidences d'Abéné, Kafountine, Bignona, Ziguinchor, Oussouye, Cap Skirring et Kabrousse, Carabane, Sédhiou, Kolda

Comment s’y rendre ?

  • Depuis Ziguinchor (110 km), aller au Nord par Bignona, puis Diouloulou.
  • En venant de Gambie, comptez 1h30 de l’aéroport international de Banjul.
  • De Dakar jusqu’à Ziguinchor la capitale de Casamance, le bateau 2 fois par semaine ou l’avion quotidien de Sénégal Airlines. Ou par la route par la transgambienne.

Sur le web :

vaches sur la plage
Le village de pêcheur de Kafountine
Séchage du poisson à Tefès, Kafountine
Flore luxuriante
Papillon
Repiquage du riz
Le Kumpo masque traditionnel qui anime les fêtes villageoises
Pendant le carnaval
Une réserve ornithologique
Vers les îles Karone
La lagune de Kafountine
Kafountine casamance 14

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  • ab34c55c21bab678ee8460031446ef28

    salut ! avant tout je vous remercie et vous encourage pour cette belle présentation de notre belle Commune. En fait j’aimerais bien sur dans la mesure du possible que vous insérez le festival de DIANNAH dans la rubrique Festival et Carnaval. c’est vrai que c’est une activité récente a Diannah comparé a Abéné et Kafountine village mais l’ajouter dans la rubrique serai en quelque sorte une mise a jour des activités culturelles de la commune. C’est ma modeste pensée. Merci de me comprendre malgré mon impertinence

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  • 5d2e13b8cd211a780ea484dd674e499d

    Peut on venir en bateau ... y a t’il une rade pour mouiller ou un endroit abrité.. quelle est la profondeur

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