Tous ces jeunes partis suivre des études supérieures en occident reconnaissent que cette expérience leur a donné beaucoup de maturité et d’autonomie, mais aussi que leur retour était indispensable.
Voici quelques témoignages pour comprendre pourquoi ils ont décidé de rentrer.
« De Gorée à Bordeaux, un choc culturel »
« Je m’appelle Alix. J’ai vécu pendant 18 ans au Sénégal, sur l’île de Gorée. Après avoir obtenu mon baccalauréat, je suis allée en France pour poursuivre mes études. Pays que je connaissais bien, car j’y passais pratiquement tous mes étés.
Enthousiaste à l’idée de découvrir la vie étudiante, je me retrouve plongée dans cet univers que je pensais connaître, mais malheureusement : la désillusion commence : quitter le maillot pour le manteau, le thiep pour les pâtes, les maad pour les marrons, la convivialité pour l’individualisme et enfin troquer le bateau contre le tramway.
Bonjour pays où les gens ne sont jamais satisfaits : il fait trop chaud l’été ou trop froid en période hivernale. Bonjour pays de la solitude où la notion de famille est complètement différente du Sénégal. Par exemple, les personnes âgées isolées dans des maisons de retraites sont une chose inconcevable à Dakar.
Étant métisse, le combat pour l’intégration est plus difficile qu’il n’y parait. Considérée comme blanche au Sénégal, et noire en France, le rejet se ressent des deux côtés. Il faut alors se créer sa propre identité et sans cesse revendiquer ses valeurs. C’est toutes ces mésaventures qui m’ont poussée à vouloir rentrer au Sénégal. J’avais besoin de me sentir utile. J’ai donc tout arrêté et pris un billet pour Dakar, le retour aux sources était imminent.
J’ai travaillé dans une association qui s’appelle Enfance et Paix. Au début, je donnais des cours d’anglais à des enfants défavorisés et victimes de conflits sociaux. Puis, j’ai voulu créer dans cette association ma propre antenne avec des enfants talibés , mon projet était de créer avec des matériaux recyclés dans la rue, toutes sortes d’objets pour montrer aux enfants qu’il y avait des moyens de sortir de la précarité. Créer une certaine transmission du savoir : eux m’apprennent la vie, par leurs vécu et leur mental, et moi, je leur apprend à créer des choses et à rêver un peu. »
« J’ai appris beaucoup de choses »
« Je suis Astel, franco-sénégalaise et j’ai 23 ans. J’ai toujours vécu au Sénégal et c’est à l’âge de 19 ans, après mon bac, que je suis allée à Toulouse pour faire une licence de langue.
C’est une très belle ville, dynamique, multiculturelle, avec beaucoup d’étudiants. Je me suis donc bien intégrée et bien adaptée à la vie toulousaine. Ma première année ne répondait pas forcément à ce que je cherchais, je me suis donc tournée vers un service civique volontaire. Ce service m’a beaucoup apporté, surtout sur le travail de soi-même, sur l’expérience professionnelle, et sur le travail en groupe.
Je mettais en place des ateliers de danse modern-jazz pour femmes en difficultés, j’ai appris tout au long de l’année à monter un projet, à faire face aux imprévus et aux problèmes et ensuite à les régler. J’ai pu avoir un grand réseau de contacts, j’ai rencontré des gens fabuleux qui m’ont aidée par la suite. C’était une belle expérience !
Le service civique terminé, je suis revenue à ma vie d’étudiante. A vrai dire, je ne savais toujours pas vraiment ce que je voulais faire, donc j’ai tenté. Mais cette licence ne me convenait pas non plus, alors l’idée m’est venue de revenir ici au Sénégal, proche de ma famille, dans mon pays d’origine.
J’ai trouvé à Dakar une école de communication qui me permettra de me tourner vers l’évènementiel en plus de mes activités hors études comme la danse.
Le retour aux sources permet d’être plus confiante, et surtout d’être bien entourée des gens qu’on aime comme la famille, les amis, les proches. Tous ces facteurs permettent de contribuer à l’amélioration de chacun dans la vie professionnelle comme dans la vie émotionnelle. Je ne regrette en rien mes années passées en France au contraire, car j’ai appris énormément de choses au niveau responsabilité comme au niveau maturité. Je repartirai peut-être après ma licence au Sénégal, mais pour découvrir d’autres horizons et en apprendre davantage. »
« Motivée pour développer mon pays »
« Je m’appelle Souka, j’ai quitté le Sénégal en 2013 pour Montréal après mon bac . Le mélange États-Unis/ France qu’on peut y retrouver me semblait parfait pour mon enrichissement personnel, ainsi que les cours en anglais. Je me préparais donc à aller à quelques 6 238 km de mon pays.
C’était ma première fois sur le continent américain. Dans ma résidence étudiante, il y a des gens des quatre coins du monde, un mélange culturel extraordinaire. Mais ceux avec qui je m’entends le mieux restent les Africain : Nigériens, Ivoiriens, Camerounais, etc.
Les premiers moments de découverte me plaisent, j’en profite pour voyager dans le Nord de l’Amérique, à Cuba, les trajets ne sont pas chers.
Et arrive le moment où l’hiver me frappe violemment. Un travail psychologique s’impose, achat de manteaux, bottes en fourrures, vraiment difficile et déprimant pour une habituée du 30 °C. En plus de ça, le passage du système français au système américain est compliqué, et pour me plaindre encore plus, la mentalité des gens d’ici me déplait quelque peu, ces étudiants pensant qu’à faire la fêtes, des « drames » de partout, bref on se croirait dans le célèbre film American Pie.
Le froid, la fatigue, la solitude. Je craque mais je n’ai d’autres choix que tenir le coup. La troisième année arrive, et là je suis super excitée. Je me suis habituée à la vie d’ici. Mes derniers examens passé, je compte les heures, et enfin me voilà dans l’avion pour Dakar ! Soleil, famille, potes, plages, journée relax, jus de bouye, thiep et j’en passe, je n’ai que ça en tête. Je suis de retour pour de bon. Je partirais peut-être pour quelques mois de stage, mais plus question de quitter mon Sénégal si longtemps !. Encore plus motivée que jamais à travailler et m’installer ici, je veux développer mon pays, voilà tout.
Je crois aux capacités que nous avons, même si les défauts du pays sont nombreux (on se rejoint tous sur cela, n’est ce pas ?), le cadre de vie et la tranquillité du Sénégal est inégalée.
Cependant, je retiens beaucoup de mes années à l’étranger, et nous avons beaucoup à apprendre des autres pays (le sérieux et l’autonomie notamment) et j’ai appris au Canada une rigueur que je retiendrais, mais je n’ai jamais été aussi fière d’être sénégalaise qu’en ayant quitté ma « teranga » si longtemps. »
Si vous vous reconnaissez à travers l’une de ces histoires ou y voyez un point commun, n’hésitez pas à nous raconter la vôtre ;).
15 mars 2018 à 08:35, par Daniel
Bjr j’aimerais savoir d’apres le classement quels sont les pays européens où mieux etudier en 2018 ...aidez moi
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