La particularité des grandes surfaces, c’est d’offrir des services à la hauteur des exigences des clients : produits bien présentés dans un environnement propre où l’embarras du choix est de rigueur.
Sur ce marché, les enseignes locales se bousculent pour changer positivement la manière de consommer. Elles soutiennent la production locale et répondent aux besoins des consommateurs en s’associant avec les producteurs locaux.
Elydia, EDK et Senchan, le pari réussi
L’enseigne locale Senchan, lancée en octobre 2020, vient d’ouvrir son quatrième supermarché dans la cité religieuse de Touba. La stratégie qu’elle tente d’appliquer est originale : offrir une large gamme de produits en mettant un accent particulier sur les produits locaux.
Dans chaque magasin Senchan, les clients trouveront des produits adaptés aux besoins dont plus de la moitié est fabriquée au Sénégal. Un concept de distribution du « Made in Sénégal » qui mériterait d’être déployé dans toutes les régions du pays.
Selon sa responsable commerciale, le groupe ambitionne d’ouvrir 17 supermarchés à Touba et un hypermarché avant d’entamer son expansion dans les autres villes.
Le groupe Elydia a aussi ouvert un supermarché 100 % sénégalais dans la ville de Touba. On y retrouve tous les produits de grande consommation : viande, poisson, fruits de mer, légumes et fruits issus du terroir. L’enseigne s’engage à mettre en avant les produits locaux dans ses rayons.
Les supermarchés Low Price du groupe EDK, fondés par un Sénégalais, rivalisent aussi sans complexe avec les multinationales. L’enseigne est présente dans toutes les capitales régionales et totalise 29 supermarchés sur toute l’étendue du territoire. Le groupe s’est également positionné comme distributeur des produits du terroir en négociant avec un large réseau d’agriculteurs locaux et d’entrepreneurs pour les aider dans la distribution.
On retrouve dans ses magasins plusieurs variétés de jus locaux et des aliments traditionnels comme les arraw, tiakri et autres, à bon prix.
Les grandes enseignes soutiennent aussi la production locale
La production locale est bien prise en compte par les grandes chaînes de distribution étrangères implantées au Sénégal. La majorité fait une grande place aux partenaires locaux pour leur permettre de faire découvrir leurs produits et de les vendre directement.
En période de ramadan par exemple, Casino et Auchan n’hésitent pas à communiquer massivement en mettant en place des offres promotionnelles « spécial ramadan » sur les produits locaux. Une aubaine pour les consommateurs qui ont la possibilité de faire l’intégralité de leurs achats avec les produits issus des entreprises nationales de transformation.
Auchan, très présent au Sénégal, propose également de nombreuses marques locales. L’enseigne est aujourd’hui à plus de 60 % d’approvisionnement local, le reste étant importé.
L’absence de certification bio pour les fruits et légumes locaux
Ces derniers temps, les légumes et fruits bio ont le vent en poupe et le bio est devenu un vrai argument commercial.
Du côté de Casino, on regrette l’absence de certification bio pour les légumes et fruits. Ils suggèrent à l’État et aux acteurs de la filière de s’investir dans la mise en place d’une certification bio pour les légumes et fruit locaux.
D’autres enseignes comme Auchan regrettent plutôt le manque de sérieux de certains fournisseurs. « Après une ou deux commandes, ils disparaissent ». Ce manque de réapprovisionnement ponctuel leur cause d’énormes préjudices. Les grandes enseignes sont donc obligées de ne traiter qu’avec les producteurs locaux capables de satisfaire une régularité dans l’approvisionnement
À Casino, on reproche aussi à certains producteurs de ne pas valoriser assez leurs produits. « Certaines marques doivent être améliorées par l’acquisition de numéro FRA, la mention de la composition nutritionnelle et du code barre » soutiennent-ils.
L’ancrage de l’offre locale
La quasi-totalité de la viande, du poulet et du poisson vendue dans les grandes surfaces est d’origine locale. Pour la volaille, Auchan négocie avec Sédima, le plus gros producteur de volaille du pays. Beaucoup de poissonniers sont également en contrat avec les grandes surfaces pour distribuer leurs produits.
Le promoteur de la marque Quali Ocean, qui a réussi à référencer ses produits de mer dans les grandes surfaces, nous explique. « Aujourd’hui, je suis très bien connu dans le secteur grâce à des enseignes comme Auchan, Carrefour ou Casino qui ont accepté de distribuer mes produits. Ils ont créé un besoin important. Beaucoup de mareyeurs s’approvisionnent pour vendre dans les grandes surfaces. Ce qui est une bonne chose pour le secteur de la pêche traditionnelle. »
Des marges de 15 % à 45 % pour le référencement des produits
Obtenir le référencement d’un produit est rarement chose aisée. Si certains distributeurs référencent assez facilement les nouveaux produits, d’autres sont beaucoup plus prudents. Nombre de grandes surfaces choisissent par prudence d’avoir deux fournisseurs minimum par produit.
Selon les témoignages de la promotrice de la marque d’aide culinaire Masyra, la mise en rayons de produits locaux est beaucoup plus souple dans les magasins Carrefour. Elle nous explique que l’enseigne a défini une marge de 15 % pour ses produits alors que pour les autres comme Auchan, la marge imposée tourne autour de 20 %.
Le promoteur de la marque Piment Hallier semble aller dans le même sens. Selon ce dernier « les prix demandés par Auchan pour le référencement varient entre 150 000 et 300 000 FCFA par produit, et la marge entre 25 % et 45 % . Ce qui ne permet pas aux petits producteurs de distribuer facilement leurs produits » dit-il
La réplique de l’entreprise Auchan est que l’enseigne compte plus sur les volumes de ventes que sur les marges pour réaliser ses bénéfices.
Concurrence entre les importations et les produits alimentaires « Made in Sénégal »
En cas d’absence de fournisseurs locaux appropriés, les grandes surfaces ont recours aux importations.
L’enseigne Auchan par exemple, stocke et commercialise des produits marques distributeurs importés à bon prix. Beaucoup de Sénégalais ont une préférence pour ces produits. Ils jugent les prix, la qualité et l’image de marque irréprochables.
A contrario, certains produits sénégalais sur le marché font l’objet de nombreuses critiques comme la tomate concentrée. Beaucoup la trouve trop foncée et préfèrent de loin les boîtes de tomate importées. Il en est de même pour les bouillons. Certains consommateurs préfèrent les cubes sans produits chimiques. D’autres considèrent que les produits sénégalais sont un peu chers par rapport aux produits importés distribués dans les grandes surfaces.
La vente en ligne dans la grande distribution se développe-t-elle ?
Se faire livrer à domicile sans se déplacer est devenu un enjeu partout dans le monde. Au Sénégal, l’enseigne Auchan l’a bien compris et a lancé à un site de e-commerce pour les habitants de Dakar. Ce service de vente en ligne sera déployé progressivement à l’échelle nationale.
Mais la majorité des enseignes présentes au Sénégal ne s’est pas encore lancée dans la vente en ligne. Du côté de Casino, on estime que le marché sénégalais n’est pas suffisamment mature sur beaucoup de points comme la livraison, les moyens de paiement, l’adressage, le stockage, la gestion de la rupture de chaîne du froid, etc. L’enseigne considère qu’il y a tout une infrastructure derrière à mettre en place avant de se lancer dans la vente en ligne.
Le local a toujours une place de choix
Même si les grandes enseignes ont de quoi attirer les clients avec des produits d’appel aux prix très bas, les produits des agriculteurs, éleveurs et transformateurs de produits locaux, malgré tous les obstacles rencontrés, auront toujours une place importante dans le système alimentaire sénégalais.
Ils parviennent à fournir à la population une bonne partie de leur alimentation et méritent soutien et encouragements…
6 avril 2023 à 17:30, par lamigeon
Chaque année je vais au Sénégal depuis 1968 ,c’est un grand plaisir de parler avec les gens au marché.Dans une grande surface ,pas de convivialité.
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17 juin 2021 à 19:23, par Pedibus
... après la lecture de l’article on ne peut pas s’empêcher de mettre en garde contre le risque de la disparition de l’urbanité - ce qui a commencé a se produire en France depuis la décennie 1970, puis de façon accélérée par la suite -, c’est-à-dire de la vie sociale dans les rues des villes où existent encore des magasins alimentaires « à taille humaine », ce qu’on appelle en France les « commerces de proximité », avec une surface de vente qui ne dépasse pas 500 mètres carrés...
sans quoi ces grandes surfaces commerciales obligent les ménages à s’équiper d’une automobile, pour s’approvisionner en périphérie de ville, localisation fréquente du fait de niveaux de prix du foncier plus bas :
situation « multi perdants » dans la mesure où le budget ménage est plombé par les frais divers provenant du véhicule, dont son remboursement, avec une concurrence très féroce envers ce commerce de proximité, ce qui risque d’engendrer une perte de sociabilité du tissu urbain en cas de déclin de ce genre d’activité...
de petits supermarchés - 200 à 300 m2 de surface de vente, genre Lidl en France - peuvent constituer un bon compromis : ils donnent une bonne accessibilité pour faire ses achats alimentaires à pied ou à vélo dans les villes s’ils sont implantés de façon homogène sur leur territoire... :
les employés de ces magasins bénéficient d’un bon job tout en distribuant des produits à un prix intéressant pour le pouvoir d’achat de la population...
14 juillet 2022 à 15:04, par LAVIE Patrice
Au Sénégal il faut préserver le commerce de proximité , la préservation du lien social est la base de « la vie ensemble » , dans les villes .
De plus grand points de vente sur des grands axes , avec des services , c’est aux aménageurs d’en juger , ils connaissent leur pays et les coutumes .
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21 mai 2021 à 09:16, par Ndour
Pourquoi les Sénégalais préfèrent les produits importés ?
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