Le cri du cœur de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) vient des tripes. L’agence de l’État ne peut plus satisfaire les demandes croissantes de bande FM. Il y a trop de radios et télés au Sénégal, et l’autorité n’a plus de place pour les nouveaux demandeurs.
Aujourd’hui, l’ARTP a attribué 457 fréquences pour 276 radios : 222 radios communautaires, 48 radios commerciales, 6 radios internationales. Pour la télévision c’est 147 canaux attribuées pour 31 chaînes de télévisions opérationnelles.
Des fréquences et canaux achetés qui dorment dans les placards
On se rend compte d’une grande différence entre le nombre de fréquences et canaux achetés, et ce qui est opérationnel sur le terrain. Avec la libération de l’acquisition de radios et télévisions il y a quelques années, les investisseurs se sont rués vers le secteur des médias audio-visuels comme des abeilles sur du miel. Un miel qui ne passe pas toujours très bien et qu’ils ont pour une grande partie du mal à digérer. Certains promoteurs ont à eux seuls une dizaines de fréquences (on aurait dit qu’ils achètent des parts d’une affaire). Cette situation pénalise ceux qui aujourd’hui voudraient investir dans ce milieu.
Une multitudes de radios et télévisions sans programme
Quand on regarde les chiffres, on s’attend à rencontrer des difficultés pour se décider pour telle ou telle média. Que non ! Sur la trentaines de chaînes de télévisions par exemple, vous aurez de la chance si vous en trouvez cinq qui vous donnent envie de rester scotcher devant votre petit écran. Des programmes vides, des présentateurs qui vous donnent envie de vous arracher les cheveux, des plateaux au goût douteux, etc. Les griefs seraient trop long à énumérer.
Au niveau des radios, c’est le même schéma, en pire si on peut le dire. Plus de 250 stations de radios, mais très peu qui sont suivies. Quand ce n’est pas le signal qui coupe toutes les 5 minutes, quand vous partez d’une zone à une autre, vous le perdez carrément. On devrait donc préciser aux auditeurs que telle fréquence ne peut être écoutée que dans des zones bien précises et non sur toute l’étendue du territoire. Ici aussi les programmes ne tournent qu’autour de la musique (avec des animateurs qui crient tellement qu’ils arrivent à vous dégoûter d’une chanson) et des débats (peu d’arguments, beaucoup d’insultes et absence de modération car le journaliste est très vite dépassé par ses invités qui prennent le contrôle de l’émission).
Bientôt des radios numériques terrestres
L’autorité de régulation parle aujourd’hui de basculer vers le numérique pour dégager un peu plus l’espace radiophonique et permettre de nouvelles adhésions.
Mais ne va-t-on pas faire face aux mêmes problèmes qu’avec la télévision numérique terrestre ? Annoncé gratuite au départ, aujourd’hui il faut payer pour avoir des chaînes, et souhaiter surtout qu’il ne pleuve pas (car la moindre goutte de pluie vous brouille le signal).
En attendant, on espère que pour ceux qui sont déjà actifs, l’autorité assainira un peu plus le milieu pour que le public reçoive une offre meilleure que celle qui est présentée actuellement.
