La tradition du Fanal a grandi dans le sud de l’île, dans le quartier Sindoné appelé encore Kertian. Un quartier dont les maisons gardent encore tout leur charme avec leur petit balcon en fer forgé à l’allure tropicale.
De la nuit jaillit la lumière
Vers le 18e siècle, la ville de Saint-Louis n’avait pas de lumière. Les belles signares aux « longues robes à larges jupes garnies de volants », lorsqu’elles se rendaient à la messe de minuit, pendant la fête de la Nativité, étaient accompagnées par leurs esclaves qui portaient des lampions pour leur éclairer le passage. Puisqu’elles allaient toutes à la messe de minuit à la même heure, on assistait à une magnifique procession au quartier Sindoné. Les esclaves qui restaient à l’entrée de l’église, explique la journaliste et comédienne Marie Madeleine Diallo, maintenaient leurs lampions allumés.
« Le beau spectacle auquel assistaient les passants leur faisait penser à une « Panal », qui signifie en français, le beau, l’extase. C’est de là qu’est venu le mot « Fanal ». Les gens ont, par la suite, pensé à faire des « mbootaye » (regroupements) qui portaient le nom d’un parrain. Ils concoctaient des chants qui n’ont toujours pas changé », révèle-t-elle.
Une question d’honneur et de prestige
Plus tard, le Fanal deviendra une véritable compétition entre différents quartiers de la ville durant le mois de décembre. Pour les concurrents, c’était une question d’honneur et de prestige d’obtenir l’onction populaire. A l’image des autres fêtes de l’époque, le Fanal était aussi un marqueur identitaire.
Le Fanal se tenait le 31 décembre, donc durant tout le mois de décembre on ne parlait que de cela. Chaque équipe représentant soit Sor, Langue de Barbarie, les quartiers du Nord et du Sud, s’ingéniait à donner le meilleur de lui pour présenter le plus beau Fanal de toute la ville. Il fallait faire preuve de beaucoup d’ingéniosité et de créativité pour convaincre le jury instauré par le gouverneur en vue de primer le plus beau Fanal.
Les menuisiers rivalisaient d’ingéniosité dans la fabrication du Fanal. « Le premier grand Fanal roulant parut après la première guerre mondiale. Il fut l’œuvre du nommé Aziz Diallo, un menuisier habitant le faubourg de Sor. L’artiste avait reproduit « Lourdes », l’église de son quartier. L’ouvrage avait été décomposé en pièces à superposer au dessus d’un chariot à encadrement de bois entouré de cretonne, reposant sur quatre roues », écrit Fatou Niang Siga.
Le fanal aujourd’hui
Après que le président Senghor ait interdit la manifestion qui prenait une coloration politique, le fanal ne s’est plus tenu pendant des années. La journaliste et comédienne Marie-Madeleine Diallo s’efforce depuis 2000, à travers sa structure de communication et d’événementiel, Dialloré Productions, de redonner à cet événement phare de la culture saint-louisienne son lustre d’antan.
Contrairement à ce qui se faisait dans le passé, la manifestation n’est plus une affaire de quartier. Elle est organisée actuellement en « In » et « Off » avec des activités qui mettent en exergue toutes les structures culturelles de la région de Saint-Louis. Plusieurs filières artistiques l’accompagnent : les compagnies de danse, les troupes de théâtre etc.
L’édition 2018
Cette 20e édition se tiendra du 24 décembre 2018 au 1er janvier 2019 et donnera lieu une fois encore à une grande fête pleine de lumière et d’animations culturelles.