L’exposition Expressions plurielles et Identité II constitue l’aboutissement d’une démarche artistique qui commence avec des réalisations de portraits et figures graphiques ; de paysages colorés ensuite, avec un usage expérimental des pagnes tissés. Cela abouti à des motifs vifs et d’un équilibre controversé qui décrivent des sujets méconnaissables par leur forme. Ce qui ouvre la voie à des possibilités de déclinaison plastique des sujets qu’il aborde, en versions différentes : en peinture sur bois marouflé de tissu, en tapisserie de laine, ou en pagne tissé.
Avec Pap Badiane, le « RABAL » quitte sa fonction de vêture et de couverture pour se faire mural. Ainsi, la tradition africaine du pagne tissé comme héritage de l’Egypte négro-pharaonique fait son incursion dans l’expression artistique du design contemporain. Enfin, les possibilités d’édition qu’il offre à ses réalisations, ouvrent également la voie des industries culturelles et créatives aux arts visuels qui échappent ainsi, grâce au principe du multiple, à la tyrannie de la pièce unique.
L’exposition se déroule du 20 avril au 15 mai 2019, à la Galerie du Fleuve de l’Institut français de Saint-Louis, sous le commissariat de Ténéba Mara Badiane, agent de l’artiste Pap Badiane. Elle donnera une idée des larges contours de l’art. La relation formelle la plus pertinente est privilégiée dans le portage de l’expression du sujet traité. Schématiser une forme représentée n’est pas la réduire au détriment de son expression propre. Dans un style artistique favorisant le trait rectiligne et la couleur appliquée en aplat, Pap Badiane ne permet pas toujours à ses signes d’entrer en conflit. Il les confine dans une répartition des espaces où chaque élément de la composition trouve le sens de sa présence.
D’ailleurs, ne dit-il pas de sa démarche artistique actuelle qu’elle « repose sur le rythme défini comme le mouvement de l’élément qui se répète en devenant autre » ? Et de poursuivre : « Sur le support, j’essaie d’exprimer la vision intérieure que j’ai du monde extérieur, par la mise en scène, selon un ordre senti, de signes obtenus par une stylisation très poussée des éléments de la nature. Je fais participer chaque signe à l’ensemble en le chargeant, par le contexte, d’un contenu qu’il exprime et qui le justifie. J’utilise le point, le trait, la couleur et la matière qui s’harmonisent dans un équilibre perpétuellement instable. »