Cet article a été rédigé alors que l’aéroport Léopold Sédar Senghor était encore en service. Depuis le 7 décembre 2017, les arrivées se font à l’aéroport Blaise Diagne de Diass, et c’est beaucoup moins drôle...
> Nouvel aéroport international de Dakar : ce qu’il faut savoir
Devant recevoir un ami français venu me rendre visite avec sa fille Julie, je lui ai expliqué comment se rendre chez moi à Dakar, ne pouvant hélas venir le chercher à l’aéroport. Il a suivi mes conseils et tout s’est très bien passé.
Mon cher ami, je ne pourrais pas venir te chercher à l’aéroport, mais je t’explique, c’est simple.
Procédures à la sortie de l’avion
La sortie de l’avion se passe comme dans tous les pays du monde, sauf que lorsque tu descends les marches de la passerelle, il fait déjà très chaud et plein d’odeurs t’assaillent. Le parfum de l’Afrique déjà, quel bonheur !
Le policier va te demander d’un mouvement de menton de placer ton index droit, puis gauche, sur une machine qui vibre. C’est normal, c’est pour vérifier que tu n’es pas un terroriste. Il te demande ta profession, tu lui donnes, mais fais assez court car il tape ça sur un ordinateur avec un seul doigt : si tu racontes que tu es expert international en changement climatique à l’horizon 2050 venu faire une conférence réunissant des représentants des pays membres de l’Union économique et monétaire de l’Ouest africain dans le cadre d’une approche inclusive, ça risque de prendre un certain temps. Plombier c’est mieux comme métier [2].
Ensuite, tu attends tes bagages après avoir trouvé un chariot. Ils sont tout neuf actuellement. Si tes bagages sortent (c’est en général le cas, ça dépend des compagnies aériennes), tu poses tes bagages sur le chariot, tu roules 5 mètres puis tu les enlèves pour les poser sur le tapis roulant de la douane, puis tu les remets sur le chariot. Personne ne sait trop à quoi ça sert parce que le douanier semble ne rien regarder, mais c’est le règlement. Ça rassure aussi, tu te dis que tu es dans un pays où la sécurité est maximale.
A ce moment là, tu es ruisselant de sueur. Tu regrettes d’avoir gardé ton pullover sur toi.
Tu sors tranquille et tu prends à droite vers une marée humaine qui attend derrière des barrières. Tu appréhendes un peu mais ne t’inquiètes pas, tu es protégé. Une légère brise te rafraîchit.
Procédures pour le taxi
Au bout, c’est la station de taxi, tu es presque sauvé. Le chef de garage va te dire que c’est 10 000. Reste ferme, le prix c’est entre 3 000 et 5 000 francs pour te rendre dans les Sicap. Pendant la négociation, tu refuses poliment les services des mecs qui veulent t’aider, te changer des euros ou te vendre une carte de téléphone. Tu déclines aussi l’invitation d’un jeune rastaman qui est tombé amoureux de Julie et qui veut l’amener dans sa famille à Pikine Icotaf pour lui apprendre à jouer du djembé.
Une fois l’accord passé avec le chef de garage, tu attends un quart d’heure parce que ton taxi est garé très loin, derrière tous les autres. Quand il arrive, tu t’aperçois qu’il n’est pas vraiment en bon état [3]. Derrière, il y a écrit « Merci maman », ça te rassure cet amour filial [4].
Après avoir mis les bagages dans le coffre à côté d’une roue de secours crevée, d’un morceau de pot d’échappement et du reliquat d’un carburateur hors d’usage [5], tu t’assoies sur le siège arrière en faisant attention aux ressorts qui s’échappent. Tu demandes au chauffeur de fermer la portière parce qu’il y a que lui qui peut le faire, ça tient avec avec un système extrêmement compliqué que lui seul connaît. Tu observes avec perplexité que le portrait de Shakira côtoie celui de Cheikh Amadou Bamba sur le pare-brise, ce qui gêne un peu la vision. Tu essaies d’ouvrir la vitre pour avoir un peu d’air, mais c’est dommage, il n’y a plus de manette.
Ça démarre avec une légère vibration dans le train avant. C’est normal. Comme il fait nuit, tu vois pas grand chose parce que les phares n’éclairent rien, mais tu sens bien que le chauffeur connaît son métier. Il fonce, parfois sur la voie de gauche pour éviter les trous qui sont à droite. Il freine au dernier moment pour éviter de perdre son élan, il a raison parce que le moteur est un peu poussif. Il klaxonne tout le temps pour éviter d’écraser les piétons qui traversent la voie rapide en enjambant la balustrade. Les vitesses craquent un peu, mais ça passe. La radio est mise à fond pour mieux entendre des chants que tu n’as jamais entendus ailleurs. Le chapelet suspendu au rétroviseur se balance doucement. La vibration du train avant s’amplifie. Tu fermes les yeux en serrant fort la main de Julie et tout ton passé te revient en un clin d’œil...
C’est à ce moment là que tu regrettes un peu que je sois pas venue te chercher.
19 janvier 2018 à 11:15, par GIRONDOT
« Merci Maman » à l’arrière du taxi, cela ne m’étonne pas... Mais il vaut mieux peut être pas regarder ce qu’il y a écrit à l’avant...A l’avant d’un car rapide j’ai vu un jour marqué « M’en fout la mort »... J’ai vécu 24 ans au Sénégal, ils n’ont peut être pas du matériel de pointe mais ce sont d’excellents conducteurs. Ce que je viens de lire au sujet de l’aéroport Léopold Sédar Senghor a ravivé de très bons souvenirs. MERCI
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20 octobre 2017 à 11:02, par Degorce
oui , c’est ça l’arrivée au Sénégal......ou je vais depuis 1958.....enfant, mes parents résidaient Ouakam.
et c’est pour ce « folklore » que j’aime profondément le Sénégal, sa gentillesse, sa bonne humeur, sa philosophie humaniste.
Les aéroports français ou européens sont tous identiques, sans fantaisie, triste .....
Sénégal, je t’aime !
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7 août 2017 à 14:15, par azoulay georges
Je viens de découvrir votre récit, et je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que tout le monde peut faire le même récit, appelé moi même à plaisanter quelques fois je n’ai pas votre talent pour adoucir la dure réalité.
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14 juin 2017 à 07:50, par leclercq
bonjour
c’est tellement ça.
j’espere qu’au nouvel aéroport, on retrouvera tout ça.
c’est mon 5eme séjour, et toujours des choses à voir, pourtant je vadrouille en voiture pas mal quand j’y suis.
Que des rencontres typiques et touchantes.
il n’y a pas que des rasta man qui tombent amoureux de tout le monde.
a chaque fois je prends des stoppeurs le long de la route et c’est toujours avec plaisir.
j’ai hate d’y retourner
je ne pense qu’a ce prochain voyage
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13 juin 2017 à 17:10
La meute, ça se dit pour un groupe de fauve ou de chien, de grâce un peu de respect.
19 janvier 2018 à 11:19, par GIRONDOT
Un peu de respect pour qui exactement, Monsieur l’Anonyme, ?????
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15 décembre 2016 à 17:54, par s clave
c est tout a fait exact vu d un touriste qui arive a Dakar
il manque le genre des personnes qui compose la marée humaine qui attend derrière des barrières. et qui montre la pauvreté du Sénégal et qui donnerait envie de faire demi tour
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9 décembre 2016 à 08:57, par Martineau
Bonjour
Il y a 1an j y étais...pour la Casamance des frayeurs mais quel accueil c est cela le Sénégal ...des amis français habitent à Yoff
Trop hâte d y retourner.
J adore le Sénégal peut être à la retraite
Deredief. Le senegal
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10 novembre 2016 à 18:12
J’ai vécu cela de 95 à 98, trois à quatre fois par mois ! J’aimais bien, malgré tout !
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6 novembre 2016 à 07:20, par Gicquel jeangilles
Moi je descend sur Saly c est tout a fait ca meme parfois bien pire Mais toujours dans la bonne humeur et avec sympatie.........
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27 août 2016 à 10:04, par michel
l’article est très bien écrit ,c’est pour cela que nous aimons le Sénégal ça fait 16ans que nous y allons le pays est très attachant.
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