Handicapés : coupables originels
« Naître avec un handicap est un châtiment infligé par Mère Nature qui agit ainsi afin de protéger la société des futurs maux que la personne aurait causé si elle avait été valide ». Voici ce que dit un proverbe bambara, mais qui se décline dans tant de pays d’Afrique noire qu’il a fini par devenir une croyance populaire transcendant dialectes et frontières. Handicapé rime donc avec culpabilité originelle. Forts de cette croyance, la déshumanisation et maltraitance des personnes « diminuées » et la méfiance les entourant peut se mettre en place. En toute bonne conscience.
Abdou, atteint de nanisme : des amitiés déterminées par la taille
Atteint de nanisme, Abdou est plus petit que les jeunes de son âge et a des jambes arquées qui l’empêchent de se mouvoir avec aisance. Malgré cela, cet adolescent espiègle pourrait en remontrer à beaucoup en matière de joie de vivre. Ce coté extraverti le pousse toujours plus avant dans la vie malgré les moqueries qui fusent sur son chemin et dont il tente tant bien que mal de faire abstraction.
« Les gens me regardent dans la rue et se moquent de moi. Je ne réagis pas parce que c’est Dieu qui l’a voulu ». Mental fort, et fatalisme positif pour ce garçon dont les amitiés sont déterminées par la taille. Il est en effet toujours en compagnie d’enfants plus jeunes que lui, ce qui occasionne parfois des blagues enfantines et irrévérencieuses à son encontre. Il tance alors ses très jeunes amis, leur rappelant qu’ils n’ont « pas le même âge » et qu’ils lui doivent le respect dû « aux aînés ». Mais il doit se résoudre, d’année en année, à perdre ses compagnons de jeu qui grandissent et le délaissent progressivement.
Son père tente de le distraire de ses souffrances non exprimées ainsi que de la bêtise et ignorance de certains : « Parfois je marche derrière lui et je vois le regard moqueur des gens sur lui, cela fait mal mais c’est la vie ». Loin de se terrer, Abdou dont le rêve est de « voyager pour aider les parents » garde le sourire et continue ses escapades dans les rues de la ville.
Samia, fille « lente » aux actions pensées et réfléchies
Bien qu’aucun diagnostic n’ait été posé, le handicap de Samia 20 ans est à classer dans le spectre de l’autisme. Lente et différente, elle fut mise sur la touche par sa famille. Prise en en charge par une femme qui a décidé de faire d’elle son combat, Samia s’exprime maintenant parfaitement en wolof et parle un français correct - elle se perfectionne- prend des cours de couture, interagit sur les réseaux sociaux avec les jeunes de son âge, bref, vit une vie normale. E
Elle fait tout au mieux et bien mieux puisqu’elle réfléchit à deux fois avant de poser une action. Ce qui fait d’elle une personne plus sage que la moyenne. Toujours bien mise et soignée, elle est, de par l’éducation octroyée par sa marraine, d’une politesse, d’un humanisme et d’une éthique avérés. À telle enseigne qu’elle est devenue l’assistante de sa bonne fée, la secondant dans ses diverses tâches, protégeant ses intérêts et la conseillant parfois.
Qui a vu la Samia apeurée et introvertie d’hier peinerait à la reconnaitre dans la jeune fille dynamique et affairée d’aujourd’hui. Certains pourtant, dont sa voisine, continuent à la traiter de « folle ». Ces insulteurs publics affichent tous les signes de la bêtise et méchanceté ordinaires.
Chérif : handicapé et voyant prévoyant
Certaines prennent les devants et plutôt que de rester victimes ou en devenir une, transforment leur handicap en atout.
Bras et mains atrophiés et légèrement bossu, Chérif, autrefois gardien de maison, s’est mué en voyant. Le seul moyen qu’il a trouvé pour à la fois se protéger, gagner du respect et de l’argent et en découdre avec les bien portants qui le traitaient comme un moins que rien.
Chérif fait « du travail pour les gens ». Travail ésotérique s’entend. Loin de le diminuer, son handicap fait de lui un élu. Plutôt que mépris et quolibets, il suscite désormais respect et peur : nul ne veut en découdre avec un homme tutoyant incubes et succubes. Voyant, il donne des consignes « éclairées » quelques peu sadiques et saugrenues : ne pas dormir trois jours durant ou boire de l’urine de lion font partie de ce qu’il préconise aux personnes venant le consulter ; des valides pour la plupart.
L’on ne sait s’il croit lui même en ses propres remèdes mais le statut de « voyant » le protège clairement de celui de rebus de l’humanité auquel il était abonné auparavant. En se caparaçonnant avec son nouveau titre et supposés pouvoirs, à défaut de réel voyant, il fut des plus prévoyants.
Trop peu de sensibilisation et d’accompagnement
Il n’existe que très peu de campagnes de sensibilisation de grande envergure et sur la durée ayant trait au handicap. « Des téléfilms abordent parfois le sujet » dit le père d’Abdou ainsi que « certains évènements ponctuels pendant lesquels on voit telle ou telle personnalité ». Toutefois l’homme déplore les effets d’annonce stériles, l’absence d’accompagnement des personnes handicapées et le manque d’éducation en général concernant le sujet. Sans compter le manque de structures versées dans le domaine, qu’il qualifie souvent de « coquilles vides ».
Quid des structures d’appui ?
• L’Association handicap solidarité située à Keur Massar est en cours de restructuration du fait du décès de l’un de ses plus importants bienfaiteurs nous explique l’un des co-fondateurs, M. Mbengue.
Elle offrait des cours de couture et employait certains personnes en situation de handicap pour confectionner des uniformes et des blouses afin de leur assurer un revenu. Elle proposait aussi des consultations médicales gratuites et des espaces de dialogues pour les parents afin de les sensibiliser à une meilleure prise en charge des leurs enfants.
• Handicap.sn a pour objectif principal de participer à la formation et à la promotion des nouvelles technologies pour soutenir les personnes en situation de handicap à travers des projets communautaires innovants.
Cette association compte aujourd’hui plus de deux cents membres et de sympathisants répartis dans toutes les régions du Sénégal.
• L’Institut national d’éducation et de formation des jeunes aveugles du Sénégal (INEFJA) est un internat mixte qui enseigne aux élèves de l’élémentaire à la terminale nous dit Mme Diarry Kébé Camara qui y travaille. L’enseignement est en braille. Cet organisme d’État mis en place depuis 1982 travaille aussi à l’insertion sociale des élèves.
• Handicap international Sénégal mène de nombreuses actions au profit des enfants handicapés dans la région de Dakar et en Casamance. L’association prévient, détecte et prend en charge les déficiences en lien avec la santé maternelle, néonatale et infantile. Elle agit pour permettre aux enfants d’aller à l’école et de participer à des activités sportives au même titre que les autres enfants. Elle lutte contre les violences sexuelles à leur encontre.
En parallèle, l’association conduit pour les adultes handicapés un projet d’insertion professionnelle.
> https://www.handicapinternational.b...
• Le Centre Talibou Dabo de Grand Yoff est un centre d’éducation et de réadaptation pour les enfants handicapés moteurs placé sous la tutelle du ministère de la Santé. Il encadre des élèves de 6 à 16 ans.
> https://www.facebook.com/centretali...
29 décembre 2020 à 00:39, par Correa
Bravo. Merci beaucoup pour votre article. Je suis très sensible à la réinsertion des personnes handicapées.
J’ai noté les adresses et noms des associations, je voudrais mettre mes compétences à leur service.
Je suis une Jeune retraitée de France.
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6 novembre 2020 à 17:04, par Baba.fiaw
Merci de me recevoir cordialement je suis un Handicapé a la main gauche et je voulé beaucoup minvestir dans le social surtout aidé les handicapé de mon pays malgré un homme dans le situations je souhaitée vrement avoir votre aide maide des indication ou partenaires
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