En plus d’être pécheur, il est l’un des trois peintres de pirogues de Soumbédioune. Si vous vous baladez sur cette plage, vous croiserez inévitablement quelques unes de ces œuvres.

Cherif est un passionné qui aime le travail bien fait, il choisit donc une peinture synthétique brillante de qualité. Afin d’avoir une finition parfaite, il n’hésite pas à poncer et reponcer sa pirogue pour préparer correctement la surface à peindre. Il applique ensuite la première couche de peinture qu’il ponce à nouveau légèrement pour avoir une surface bien lisse. Après trois couches successives de blanc, il peut enfin passer à la décoration, son domaine de prédilection. Pas besoin de croquis préparatoires, Cherif a tout dans la tête.

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La première étape consiste à appliquer du scotch afin de délimiter parfaitement les parties à peindre. Il trace ensuite toutes les décorations au crayon de bois avec une facilité déconcertante, il ne rature pas, ne modifie rien, il a vraiment tout en tête. Ensuite, il préfère peindre par couleur afin d’éviter les différences de tons lors de ses mélanges. Sur les photos, on le voit commencer par le rouge en tracant d’abord le contour de la forme.

Cherif a certaines habitudes qu’il applique à chaque fois qu’il repeint sa pirogue. Ce qu’il recherche en mer, c’est par un espèce de jeu, tromper les autres pécheurs en leur faisant croire que deux pirogues bien distinctes naviguent. Il peint donc toujours différement les deux côtés de sa pirogue, avec un côté aux couleurs françaises (bleu, blanc et rouge) et un autre aux couleurs sénégalaises (vert, jaune et rouge) pour rappeler le lien qui rapproche ces deux pays. Depuis toujours, il nomme sa pirogue Jean-Louis, prénom du fils d’un ami toubab de longue date, avec qui il a connu de magnifiques parties de pêche. La décoration d’une pirogue est vraiment une histoire de cœur et chaque dessin, chaque texte représente véritablement un lien affectif ou un souvenir propre à chaque propriétaire. Il y a sur la pirogue de Cherif des quantités de signes représentés, une évocation à Dieu, le surnom de son navigateur (Mondos Kara), un lion (symbole des footballeurs), un espadon, le nom de soumbédioune (port d’attache), et d’autres encore que je vous laisse découvrir... Le plus drôle, c’est comme sur les bateaux de courses, Cherif aime représenter des "sortes de sponsors" et au gré de ses connaissances ou admirations, on peut apercevoir quelques noms de magasins ou autre...

Cherif est un perfectionniste et n’hésite donc pas à passer la semaine entière sur sa pirogue alors qu’une seule journée suffit à d’autres. Cependant, quand on fait le tour des pirogues et qu’on les examine de plus près, on repère immédiatement le "coup de patte" de Cherif et la qualité de son travail. Même si son œuvre reste quelque peu ephémère à cause des dégâts de la mer sur la peinture, sa passion à réaliser, toujours et encore, la plus belle des pirogues reste intacte. Des dizaines de pirogues ont déjà été peintes par Cherif et à l’heure qu’il est, il en a surement "attaqué" une nouvelle. Sa seule contraite, le nom de la pirogue imposé par le propriétaire, ensuite, il laisse libre cours à son imagination et à sa fantaisie. C’est avec un réel plaisir qu’on assiste à l’évolution de son travail. Il réalise également pendant son temps libre des petites pirogues mesurant jusqu’à 2m50. En attendant, sa pirogue, toute neuve et toute belle, devrait reprendre la mer très prochainement, alors, si le cœur vous en dit, allez à la rencontre de Chérif et des amis qui l’entourent, afin de mieux connaitre son monde riche en couleurs