Depuis plus de deux ans, de gigantesques travaux, quasiment tous démarrés en même temps, ont défiguré la capitale. Impossible de se rendre à un endroit quelconque s’en emprunter une déviation et subir des embouteillages monstres. On en voit enfin le bout.
L’OCI en ligne de mire
Depuis toujours, Dakar étouffe. Mégalopole de plus de deux millions d’habitants, les infrastructures routières n’ont jamais suivi le rythme de l’accroissement de la population et des véhicules, chaque jour plus nombreux.
Les travaux ont commencé par un tobogan au carrefour de l’autoroute et de la gare routière Pompiers mais c’est véritablement la mise en place de l’Agence nationale de l’Organisation de la conférence islamique qui a tout déclenché. Objectif : offrir une ville nouvelle, aux routes refaites et élargies, aux visiteurs du Sommet de la Conférence islamique qui se tient les 13 et 14 mars 2008.
Tout nouveau, tout beau
Difficile aujourd’hui de reconnaître la capitale pour ceux qui l’ont quitté il y a quelques années. La Patte d’oie, modeste carrefour autrefois, est devenue un immense échangeur. La VDN, la grande artère traversière, a été élargie et plusieurs toboggans (Mermoz, cité SIPRES, CICES) et ronds-points ont été mise en place.
La corniche ouest est désormais transformée en rocade deux fois deux voies depuis l’avenue Peytavin jusqu’aux Mamelles. Le carrefour de Soumbedioune est évité grâce à un tunnel, une nouvelle voie est ouverte à travers Mermoz, puis surplombe la mosquée de la Divinité, pour traverser à flanc de colline les Mamelles. Palmiers et lampadaires jaillissent.
Du côté de l’aéroport, une double voie permettra bientôt d’atteindre rapidement la Patte d’Oie, tandis que le Pont de Hann, entièrement refait, se modernise grâce à deux giratoires.
De nouvelles habitudes à prendre
Nouveaux itinéraires, nouveaux carrefours, mais aussi nouvelles habitudes. L’observateur du quotidien que nous sommes se demande avec une curiosité teintée d’angoisse comment l’automobiliste dakarois, réputé pour sa capacité à ignorer les les règles élémentaires de la circulation, s’adaptera à ces nouveaux schémas.
Que se passera-t-il lorsque le taximan pilera sec en bas du toboggan pour embarquer un hypothétique passager ? Lorsque le Ndiaga Ndiaye laissera son train arrière au large d’une courbe abordée un peu trop vite ? Lorsque les sabots du cheval, dérapant sur un macadam trop neuf, entraînera la cargaison de poissons de la charrette sur toute la largeur de la chaussée ? Lorsque le chauffeur distrait, s’apercevant qu’il se dirige à l’opposé de sa destination, entamera une marche arrière sur l’échangeur ? Lorsque la vendeuse de mangues chargée de son panier et de sa progéniture voudra traverser la VDN où défileront à toute allure des véhicules pressés ?
Mais tout passe Dieu merci !