Fils de Niokhor, un Sérère de Gorée qui était cuisinier et marin, et Gnagna Preira, une mandjaque originaire de Guinée-Bissau, Blaise Adolphe Diagne, naît à Gorée le 13 octobre 1872. Il s’appelait Gaiaye M’Baye Diagne.
C’est à l’Ecole des Frères de Ploërmel de Gorée où son père adoptif, Adolphe Crespin, l’inscrivit, qu’il fut baptisé « Blaise ». Plus tard, il l’envoya poursuivre ses études dans le sud de la France, à Aix-en-Provence.
Il termine ses études à Saint-Louis, au Nord du Sénégal et en 1891, est reçu au concours des douanes coloniales. C’est ainsi qu’après le Dahomey, le Congo, Madagascar, La Réunion, (où il est accepté par le Grand Orient ce qui fait de lui l’un des premiers Noirs francs-maçons), il réside en Guyane.
Je suis noir, ma femme est blanche, mes enfants sont métis, quelle meilleure garantie de mon intérêt à représenter toute la population ?
En 1913, alors que le Sénégal fait partie de l’A.O.F., il revient dans son pays d’origine pour se présenter aux élections législatives et, le 10 mai 1914, il est élu député du Sénégal au sein de l’assemble nationale française. C’est une première. La vie politique sénégalaise est contrôlée, jusqu’en 1914, par les Européens vivant dans la colonie et les métis. À cette date, Blaise Diagne met fin à leur hégémonie. [1]
En 1918, alors que la France est en guerre, Blaise Diagne parvient à convaincre des dizaines de milliers d’Africains de s’engager volontairement pour ce pays et promet qu’ils accèderont à la citoyenneté pleine et entière à l’issue du conflit. Il y eut bien une loi « Blaise Diagne », promulguée en 1916, permettant d’obtenir et de conserver la citoyenneté française aux originaires des « quatre communes » (Gorée, Dakar, Saint-Louis, Rufisque) et plus tard à leur descendants.
En 1931, il est nommé sous-secrétaire d’État aux colonies. De 1920 à 1934, date de sa mort, Blaise Diagne est maire de Dakar.
Descendance
Blaise Diagne a eu, avec Marie Odette Villain, quatre enfants dont Adolphe, médecin militaire, Roland, fonctionnaire dans les Chemins de fer et Raoul, footballeur professionnel et le premier footballeur africain à être sélectionné en équipe de France !
Raoul Diagne, né en Guyane en 1910, a compté dix huit sélections en équipe de France entre 1931 et 1940. Il faisait partie du Racing Club de Paris. En 1963, entraîneur de la première équipe de foot sénégalaise d’après l’indépendance, il bat l’équipe de France lors des « Jeux de l’amitié ». Il est considéré au Sénégal comme le « grand père du football sénégalais ».
Adolphe Diagne est né en 1907 à Paris. Après avoir été médecin-lieutenant dans les troupes coloniales en Mauritanie, il est médecin-capitaine en 1936 et est affecté au Sénégal puis au Tchad. En 1946, il est médecin-chef du service d’hygiène de Dakar avant d’être promu médecin lieutenant-colonel en 1949. Premier conseiller du haut-commissaire auprès de la République du Sénégal en 1959, il est chargé de mission auprès du ministre de la Coopération en 1962.
Adolphe Diagne, commandeur de la Légion d’Honneur (son père l’avait, quant à lui, refusée) est décédé en 1985 et enterré à Lourmarin. Lourmarin où nous avons rencontré Monsieur le maire : Blaise Diagne, né en 1954, est, depuis 2001, maire de Lourmarin.
Corinne Deriot : Votre père était Adophe Diagne. Militaire de carrière, il a parcouru l’Afrique et faisait partie des troupes françaises arrivées dans le sud de la France à la fin de la guerre de 1939-1945. Qu’est-ce qui l’a amené à Lourmarin ?
Blaise Diagne : Il a rencontré ma mère ! Originaire de Briançon, elle avait acheté une ferme à Lourmarin. C’est ainsi que, alors qu’ils habitaient Paris, je passais toutes mes vacances à Lourmarin.
C.D. : Parlait-on de votre grand-père à la maison ?
B.D. : Rarement. J’ai vu quelques historiens venir chez nous poser des questions. J’ai souvent entendu parler de Senghor qui avait bien connu mon grand-père. Mais mes parents ont toujours été très discrets sur cette histoire familiale. Il était important pour mon père et ensuite pour moi qu’on n’utilise pas cette renommée dans un intérêt personnel.
C.D. : Quelles ont été les circonstances qui vous ont amené à être candidat à la mairie de Lourmarin ?
B.D. : J’habitais en banlieue parisienne, dans une tour. Je me suis rendu compte qu’il y avait autant de personnes dans cette tour que dans tout le village mais qu’à Lourmarin tout le monde se disait bonjour à tout le monde et c’est ce qui me plaisait. Je suis donc venu m’y installer en 1981. J’avais 27 ans. Je me suis occupé de la ferme familiale et suis devenu agriculteur. Puis, après avoir été président des parents d’élèves, j’ai été sollicité pour entrer au conseil municipal et dans différentes structures agricoles.
C.D. : Pour quelles raisons vous a t-on sollicité ?
B.D. : Les années passées dans une entreprise de métallurgie à Paris ont été très enrichissantes socialement et m’ont permis d’acquérir une certaine facilité de discours, et comme j’ai toujours quelque chose à dire ... !
C.D. : Vous avez été nommé président de la communauté de communes. Que cela signifie t-il pour vous ?
B.D. : Arriver à ce que les choses puissent se construire au détriment de personne, arriver à faire travailler tout le monde ensemble. Ce qui est important pour moi, c’est l’intérêt collectif, et ça, c’est ce que mes parents m’ont transmis. Et le collectif n’est pas le cumul des intérêts individuels.
C.D. : Quelle est votre force ?
B.D. : N’avoir aucune ambition. Cela me permet de choisir.
C.D. : Avez-vous eu l’occasion, dans votre vie professionnelle, d’évoquer votre grand-père ?
B.D. : Comme je vous l’ai dit, c’était quelque chose que l’ont ne mettait jamais en avant. Mais un jour, alors que je travaillais comme simple ouvrier, un autre ouvrier qui était sénégalais m’a dit : « Tu t’appelles Blaise Diagne ? Tu sais qu’il y a eu un Blaise Diagne très célèbre au Sénégal. » « Oui, je sais, c’est mon grand-père. » Lui répondis-je. « Je ne te crois pas. Si c’était ton grand-père, tu ne serais pas ici à travailler dans cette usine ! » m’a t-il dit.
C.D. : Vous êtes né à Paris. Etes-vous déjà allé au Sénégal ?
B.D. : J’y ai vécu alors que j’avais entre 6 mois et 2 ans. Mes premiers mots ont d’ailleurs été en wolof car j’étais gardé par un tirailleur sénégalais toute la journée.
C.D. : Etes-vous retourné au Sénégal ?
B.D. : Pas depuis 1960. Ma vie est ici, à Lourmarin. Je crains de n’avoir rien à apporter là-bas. En même temps, je ne peux y aller en touriste. Je suis originaire de ce pays. Je m’y installerai peut-être à la fin de mon mandat de maire et lorsque mes enfants seront tous grands.
C.D. : Pourriez-vous envisager un jumelage entre Lourmarin et un village sénégalais ?
B.D. : Non. Il n’y a aucune raison. Mes seules origines ne peuvent suffire à justifier un tel jumelage. Par contre, Lourmarin s’associe à un projet humanitaire concernant le Sénégal, porté par deux dentistes du village. [2]
Cet article a également été publié sur Africultures le 12 décembre 2005
© Corinne Deriot - décembre 2005
Voir aussi : www.africaquiz.com - www.francequiz.fr - www.corinne-deriot-photos.com
30 octobre 2018 à 14:31, par Dominique Chathuant
Bonjour,
Blaise Diagne ne fut pas le premier Africain à moins de considérer que ses prédécesseurs n’étaient pas africains.
Par ailleurs, il n’était pas à l’Assemblée nationale mais à la Chambre des députés, chose très différente à l’époque.
J’en profite pour signaler cet ouvrage regroupant 20 auteurs internationaux (novembre 2018) : https://www.amazon.fr/Combattants-lEmpire-troupes-coloniales-Grande/dp/2363583183
Bien cordialement
Dominique Chathuant
Professeur agrégé,
Chercheur associé au CERHiC, EA 2616 (URCA-REIMS)
https://cerhic.hypotheses.org/1239 | http://dchathuant.blog.free.fr/
REIMS
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23 août 2017 à 04:40, par amilcar
Blaise Diagne est Mandjaque à 100%, son père travaillant avec les blancs dans la navigation, est allé chercher sa femme à Cacheu , comme le fait tout immigré à nos jours, certes, il a pû mourir avant de voir son fils être adopter par d’autres familles. En 1872, les mariages inter ethniques n’étaient pas au gout des gens, voila, voila, ce que beaucoup de gens ignorent ...
27 octobre 2017 à 08:21, par WEDI
Mais toi là , tu ne sais pas lire ou quoi ? On te dit que son père s’appelle NIOKHOR et qu’il est sérère ; c’est sa mère qui est manjack. Blaise DIAGNE de son vrai nom s’appelle Gaiaye M’Baye Diagne. Toi tu sors de je ne sais où tu affirmes qu’il est 100 pour 100 Manjack .
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7 juillet 2017 à 01:11, par maletras
Un message de grande tristesse. Diagne Blaise, maire de Lourmarin, est décédé le 4 juillet 2017. Un homme remarquable, une amitié de plus de 40 pour un homme d’une grande intégrité.
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8 février 2016 à 23:09
c’est n’galandou diouf qui a soutenu blaise en le presentan a st-louis les woloffs , dakar et rufisque les lebous , les seul votants de goree ne suffises pas pour le siege a bourbon ; en 1909 n’galandou diouf premier elu noir hors de la france a prefere blaise pour ses etudes et lui a collecter les voix des 4 communes ; d’ou le 2 iéme a bourbon de 1934 a 1940 avant senghor et lamine gueye .
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5 décembre 2015 à 19:41, par SALLE MATTEI Georgette
Adolphe DIAGNE termina sa carrière comme Medecin général directeur pour l’armée de terre il était compagnon de la Libération son nom est cité dans une promotion de l’école de santé de Bordeaux « les médecins compagnons de la Libération »
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15 février 2009 à 15:36, par babacar
je pense que blaise diagne est un homme politique trés riche en culture avec sa biographie son parcour il se fut un grand t’homme car néé a gorée et de nationnalité français il fut le premier noir africain a etre deputé a l’assenblé nationnale française mais un inconvénniant au sujet de sa religion car il fut etre (franc-maçon).il fait de la (franc maçonnerie)
25 novembre 2009 à 22:57, par Diop Saint Louis
Le premier député c’est Barthélémy Durand Valantin en 1848. Voici d’ailleurs sa fiche encyclopédique. C’est grâce à Valantin et aux autres Députés mulâtres de la fin du XIX siècle si le sénégal a eut l’honneur d’être la première colonie d’Afrique à produire, un Député noir en 1912. Louis Guillabert (mulâtre) père de André Guillabert était le chef de campagne de Blaise Diagne ; André Guillabert lui a été Directeur de Campagne de Senghor, une génération après.
Blaise Diagne a grandi dans la famille Crespin à Gorée qui l’on soutenu est financé ses études alors tu vois l’avance du Sénégal en matière de représentativité politique des personnes noirs est due comme cela est démontré dans « Histoire politique du Sénégal » de François Zuccarelli à la minorité mulâtre du Sénégal qui à toujours choisie le camps de l’Afrique contre le colons. Il faut que cela se sache car de nos jours il y a beaucoup d’ignorants. Le problème avec Blaise Diagne c’est qu’il a par naïveté provoqué la mort de nombreux africains noirs et aussi mulâtres des quatre communes en les faisant envoyés se faire tuer en France pour les colons. Alors il y a deux Blaise Diagne, le grand qui défendait les colonisés et le naîf qui a provoqué une catastrophe.
LIEN :
4 avril 2012 à 20:47, par carol
ce fut un grand homme mai j’aimerai bien avoir des éclaircissemnts sur le fait qu’on a deux versions père lébou wolof une autre version père sérère je croirais plutôt à la 2è version car Niokhor est un prénom typiquement sérère son histoire m’interesse
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27 août 2008 à 11:23
le vrai nom de blaise est baye galaye diagne.merci de corriger.
Pour les gens de ma generation cet homme n’avait rien d’exemplaire.
il n’a pas convaincu les noirs de combattre pour la france,il s’est transforme en vrai sergent recruteur a une epoque ou le code l’indigenat etait encore en vigueur ou les africains etait sous l’implacable regime colonial qui avait pris la suite de l’esclavage.
les promesses faites par la france n’ont jamais ete respectees ;de toute façon il fallait etre naif pour croire qu’il y’avait quelque chose de vertueux a se battre pour liberer un pays qui nous nous reconnaissait aucun droit.
malheureusement ,nous avons refait la meme chose en 1939-1945.
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