Le dernier rapport de la Banque mondiale sur le Sénégal, téléchargeable ici, a pour objectif d’assurer le suivi de l’évolution économique au Sénégal et d’analyser les principales options stratégiques.
Nous ne sommes pas économistes et considérons que le développement ne se résume pas à des points de croissance du PIB. Mais nous l’avons lu avec attention et en présentons ici quelques tendances et chiffres marquants.
La croissance économique est restée décevante en 2013
Pour l’année 2013, la croissance du PIB réel a été de 3,5 %, proche de celle de 2012. Les secteurs des télécommunications, des transports et des finances ont réalisé des progrès mais la faiblesse de la production agricole, notamment céréalière, constitue matière à réflexion. Le secteur privé formel a également connu des difficultés. Le secteur hôtellerie restauration baisse de plus de 5 %.
Politique fiscale
Le déficit budgétaire a légèrement baissé, à cause de la réduction progressive des dépenses courantes. La masse salariale de la fonction publique semble être restée stable par rapport au PIB. Si l’on compare les dépenses publiques du Sénégal avec celles des autres pays de l’UEMOA, le Sénégal affiche le ratio dépenses/PIB le plus élevé en 2013 et les dépenses augmentent plus rapidement que les autres pays.
Secteur extérieur
Le déficit du compte courant s’est légèrement amélioré en 2013, passant de 10,8 % du PIB en 2012 à 10,4 % en 2013. Mais les exportations sénégalaises sont restées décevantes en 2013. À l’exception des produits pétroliers, les quatre autres produits d’exportation les plus grands ont enregistré des baisses : l’or (–22 %), les produits halieutiques (–3 %), l’acide phosphorique (–36 %) et le ciment (–27 %). La balance des paiements a connu une amélioration en 2013.
Emploi, chômage et pauvreté
Après une période de progrès notable enregistrée entre 1995–2005, l’économie sénégalaise est retombée dans un équilibre de croissance faible, avec une création faible d’emplois et peu de progrès dans la réduction de la pauvreté. Le sous-emploi constitue un problème encore plus grave. La portion de la population en dessous du seuil de pauvreté est de 46,7%, à compter de 2011. Le nombre de pauvres a augmenté.
Le plan Sénégal émergent (PSE)
Le PSE est un plan directeur de développement économique et social à long terme qui s’étale sur une période de vingt ans. Il a été lancé pour améliorer les conditions de vie des populations avec pour objectif de permettre au Sénégal de devenir une économie émergente d’ici 2035.
La vision PSE est louable, mais ses hypothèses paraissent trop optimistes. Les investissements publics ne pourront pas, à eux seuls, amener le taux de croissance économique au niveau souhaité. La réussite du PSE dépendra de l’adhésion du secteur privé.
Pendant longtemps, l’économie sénégalaise a été tirée par le secteur des services et le secteur primaire est resté une source relativement faible de croissance. L’agriculture irriguée offre au secteur de nouvelles possibilités de renforcement de la production et l’horticulture pourrait être l’avenir de l’agriculture sénégalaise.
Climat des affaires et des investissements
Les industriels (61 %), les prestataires de services (66 %) et les commerçants (58 %) se sont, tous, plaints d’un climat des affaires défavorable. Les doléances spécifiques sont liées à la concurrence déloyale, suivie de la bureaucratie et des tracasseries administratives, de l’absence de mécanismes juridiques pour recouvrer les dettes/créances, du poids de la fiscalité et du manque d’accès au financement. Le coût élevé et la nature peu fiable de la fourniture d’électricité est également un obstacle.
En fin de compte...
Le Sénégal doit assurer une croissance beaucoup plus rapide afin de réduire de manière considérable la pauvreté. Le secteur privé sera le moteur de la croissance économique s’il bénéficie d’un appui efficace du secteur public. L’agriculture, une activité relevant essentiellement du secteur privé, devra jouer un rôle important. L’amélioration de la concurrence et la promotion d’un environnement des affaires favorable auront d’importants effets positifs sur la croissance du PIB.
L’État devrait mettre de l’ordre dans ses affaires...