La vieille gare de Dakar s’est vu transformée en base extra-terrestre et a plongé le public dans un monde surréaliste, futuriste et poétique. Les mannequins, acteurs ou habitants de la cité présentent un show qui sort de l’ordinaire avec des créations bizarres faites d’un mélange de matières différentes allant du fer à l’éponge, du tissu à la toile, en passant par le cuir. Un environnement qui par l’ingéniosité, la technique, l’énergie, dans le cadre majestueux de la gare, plonge le public sur une scène d’un monde différent.
Toutes sortes de créatures non identifiées s’activent dans une déambulation où hommes et aliens, public et figurants se confondent en une mêlée inattendue. des extra-terrestres anthropomorphes, d’énormes insectes de métal occupent l’espace et s’offrent à la découverte du public.
Des deux côtés du hall, les escaliers menant à l’étage invitent le visiteur à poursuivre son immersion dans ce monde étrange. A l’étage de l’aile gauche, le spectateur est témoin d’une scène étrange à l’image du monde illusoire dans lequel la créatrice nous mène. Une maman ou diva alien monstrueuse est enfermée dans une chrysalide.
Du côté opposé, une installation semble évoquer une gestation. Dans une cuve posée sur ce qui semble être un nid, un être somnolant se tient immobile. Autour de lui, les moustiques du cosmos veillent en silence.
Quelles seraient les conséquences de l’invasion sur le port vestimentaire des Dakarois ? A quoi ressemblerait leur futur ?
Les mannequins très souvent masqués, sous le rythme de sonorités électroniques, adoptent des attitudes détachées et mécaniques comme pour signifier leur non appartenance au règne humain. Naturellement, les vêtements présentés relèvent plus de la haute couture que de la tenue de tous les jours. Déjantées, décalées ou teintées d’humour, les créations de Selly Raby Kane ne laissent personne indifférent. Perplexité et admiration se lisent sur les visages lorsque la superbe robe illuminée de lumières électriques clôture le défilé.
« Ce défilé a un grand lien avec l’univers créatif dans lequel j’ai toujours baigné et celui que j’ai voulu exprimer : c’est ce monde qui cherche à connaître le futur, à savoir de quoi le futur sera fait en termes d’évènements, mais également en termes de musique, de littérature, d’architecture, etc. », souligne Selly Raby Kane, heureuse d’avoir gagné son pari de montrer la mode autrement.
Selly avait déjà, après son premier stage de stylisme chez Claire Kane, réussit un bon départ dans ce métier lors de la présentation de sa toute première collection Seraka 2008, puis confirmé son talent avec la collection « Be Street » premier défilé de rue à Dakar où, avec son collectif Les Petites Pierres, elle conçoit un gigantesque décor urbain vivant sur le canal de la Gueule tapée.
Avec Alien cartoon, Selly Raby Kane entre définitivement dans la cours des grands styliste de l’univers de la mode au Sénégal.