Hip Hop Awards : mais où est passé l’esprit Hip Hop ?

L’Afrique de l’ouest est le poumon du hip hop africain. Les groupes de rap se comptent par centaines, les festivals, de Dakar à Ouagadougou en passant par le Togo et le Gabon, tentent de s’imposer comme les rendez-vous de la scène hip hop africaine.

Publié le 11 décembre 2006  

Mais il y a hip hop et hip hop ; et pour l’instant, Dakar n’a pas la vedette. Parce qu’à Ouaga, hip hop, c’est vraiment la fête du hip hop. Un hip hop made in Africa, convivial, ouvert et attaché à sa mission de rencontre et de tremplin pour la scène locale.

A Ouaga, on encourage les artistes qui représentent le hip hop africain plutôt que de payer 10 fois plus cher un artiste qui n’a rien à faire du combat qu’ils mènent. A Dakar, nos hip hop Awards, c’est « un truc de VIP, si t’es pas le meilleur tu restes en dehors de la course * » comme le soutient son directeur artistique S. Pindra. Pour lui, la production, c’est avant tout un « business ». Et dire que Daara  -J a été annulé à la dernière minute au Cices car ils n’avaient pas été… prévenus ! Ici, tout est misé sur une tête d’affiche importée et « s’ils ont un complexe d’infériorité, les artistes n’ont qu’à se débrouiller * » …

Mais où est passé l’esprit hip hop ?

Faut-il revenir aux origines pour rappeler que les Last Poets qui déclamaient dans les rues de Harlem s’intégraient dans un vaste mouvement d’émancipation à l’échelle mondiale, qui a vu naître les mouvements Black Power, Black Panther, Black is Beautiful ?

Faut-il rappeler que c’est le Graff qui a redonné son souffle au hip hop français dans les années 80, propulsant la musique rappée sur le devant de la scène, rythmant à son tour le déploiement du Break Dance ?

Faut-il ajouter que la jeunesse africaine, et sénégalaise aux avant-postes, a retrouvé dans cette culture, le terrain d’expression de ses identités et de ses valeurs, celles du quartier, celles du crew, celles de la parole libérée ?

La force du mouvement, son ascension vient de l’esprit hip hop qui invite au rassemblement, à la remise en questions des codes et à la poésie, un élan vital pour s’arracher aux barrières du quotidien. L’esprit hip hop de Dakar, celui qui vit dans les quartiers et qui nourrit le flow de nos artistes, celui qui slam sur les ondes et qui dépose son empreinte sur la ville… à quand un véritable festival hip hop pour le célébrer ?

* Propos recueillis lors de la conférence de presse, le 10 novembre.

Maya V. El Zanaty

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